On connaît désormais le très probable chiffre de l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam) : 3,2 % pour 2024. Le gouvernement a en tout cas présenté à des parlementaires de la majorité et de l’opposition lundi 18 septembre ses orientations en vue du prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Autour de la table, le ministre des comptes publics Thomas Cazenave, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, la ministre déléguée aux Professions de santé Agnès Firmin Le Bodo, la ministre des Solidarités Aurore Bergé étaient notamment présentes pour cette réunion sobrement intitulée « les comptes de Ségur ».
Si le gouvernement a déjà indiqué qu'il souhaitait doubler à un euro la franchise sur les boîtes de médicament, avec le maintien d'un plafonnement annuel de cette franchise à 50 euros, d’autres mesures auraient été avancées. Évoquant sa rencontre au ministère lundi, le député MoDem Cyrille Isaac-Sibille affirme avoir parlé avec le gouvernement de « la financiarisation de la santé, du médicament, ou encore de la convention », regrettant au passage « que les parlementaires n’ont le PLFSS en main que très tard, ce qui n’est pas le cas de certains acteurs, qui l’ont déjà. »
Le député confirme que le gouvernement a écarté l’idée d’une taxation accrue sur l’alcool. Et un élu de la majorité déplore, lui, que le gouvernement ait donné « l'impression de baisser les bras sur la lutte contre le tabagisme et l'alcool » lors de cette réunion avec les parlementaires.
IJ, activité physique
Côté prévention, le PLFSS devrait aborder la vaccination anti-HPV et des mesures favorisant l’activité physique. Sur les indemnités journalières (IJ), le ministre de la Santé aurait confirmé sa volonté de « responsabiliser tout le monde » — médecins, assurés et entreprises.
En attendant la présentation officielle, reste qu'un Ondam à 3,2% risque de faire grincer quelques dents, alors que les libéraux comme les hospitaliers réclament des revalorisations très significatives. « On a un PLFSS qui doit permettre d'atterrir après les années Covid et le quoi qu'il en coûte, qui a permis de beaucoup accompagner les acteurs de santé face à l'épidémie », analyse de son côté le député (Horizons) Frédéric Valletoux, jugeant que « cet atterrissage est nécessaire » après la flambée de dépenses liées à la pandémie. « On n'a pas parlé vraiment des recettes, on a surtout parlé de réduction des dépenses », regrette le député socialiste Arthur Delaporte. Le gouvernement pense pouvoir obtenir des recettes avec la lutte contre la fraude, mais « on sait que ce n'est pas grand-chose », ajoute-t-il.
« Leur cadre, c'est l'austérité », dénonce le député LFI Hadrien Clouet dans une vidéo diffusée sur le réseau social X, annonçant déjà l'angle d'attaque du futur débat parlementaire. « Ils ont confirmé la piste de faire payer un peu plus les médicaments et les consultations » par les patients, indique-t-il.
Le MoDem veut une vision d'ensemble
Lors d'un point presse ce mercredi sur le budget de la Sécu, le député Cyrille Isaac-Sibille (MoDem) a présenté de son côté une proposition de résolution « pour que le gouvernement présente en amont du PLFSS sa vision d'ensemble au niveau de la santé ».
Il a argumenté qu’il est frustrant de « voir les pièces du puzzle sans voir le puzzle complet ». Selon l'ORL lyonnais, le gouvernement devrait partager le document de « stratégie nationale de santé », écrit tous les cinq ans. Lequel est public « mais confidentiel : ni les citoyens ni les acteurs du secteur ne le connaissent ».
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