La hausse des prix à la pompe a déclenché un mouvement social dont la durée sur plus de six mois témoigne qu’il reflétait aux yeux des Français « l’altération de leur pouvoir d’achat ». Or en 1973, une heure au SMIC permettait l’achat de 3 litres, contre 6 litres ce jour en 2019. De 1970 à 2019 le smic a passé de 0,52 €/heure à 9,50 €/heure (donc x18), période qui a vu passer l’essence de 0,18 € à 1, 60 € (soit x 8 seulement).
Le pouvoir d’achat d’une heure du SMIC des contestataires ramené au prix du litre de carburant, objet de la grogne, a donc au moins doublé en réalité sur cette période. Leurs lamentations sur les ronds points selon ces chiffres précis sont donc paradoxales.
Notre silence sur l’évolution de la valeur du C l’est tout autant : en effet de 1970 à 2019, sa valeur brute avant frais est passée de 2,54 € à 25 € soit 10 fois, et non pas 18 fois. Un simple maintien du pouvoir d’achat du C dans la hiérarchie des revenus le placerait donc à 45 € ?
Hélas, ce calcul est même entaché de biais majeurs : il compare le smic horaire net à nos honoraires bruts par acte : or nos honoraires servent d’abord à payer des frais qui ont explosé ( au moins 2/5e des entrées ) et sont amputés pour le reste ( et eux seuls, bien souvent) d’impôts sur le revenu. Alors que les tenants du SMIC bénéficient à l’inverse de diverses allocations additives. Il en découle qu’en 2019 le résidu disponible de notre C à 25 € ( avec 10 ans d’études préalables pour l’obtenir) s’approche en réalité d’une seule heure au smic horaire avec son cortège d’aides.
Les 45 € évoqués plus haut permettraient juste la même évolution en 50 ans que les autres Français. Mais travailler nous aussi 35 heures par semaine placerait en réalité le C à 90 € !!! Nos revenus finaux, tant décriés, résultent en fait d’une seule réalité : 72 heures de travail en moyenne par semaine ! Car nous aussi, en 35 heures, nous ne gagnerions rien du tout avec un C à 25 € !!!
Ronds-points versus point-de-ronds
Cherchez l’erreur. La nôtre se résume juste dans les signatures successives de conventions léonines
Et à 90 €, il n’y aurait plus de biais de calcul ? Il faut en douter ! Si l’on déduisait de ces 35 heures le temps passé à nous tenir informés, à remplir des paperasses, à étudier les résultats des examens… ?
Étrangement, ce ne sont pas des blouses blanches que l’on trouve sur les ronds-points, mais des personnes dont le pouvoir d’achat par heure de travail a pourtant doublé.
Ces personnes dont le seul organe « réfléchissant » serait le gilet, développent des « solutions » : taxer encore davantage les revenus de ceux qui ont le culot de travailler plus de 35 heures, taxer leurs économies résultant des années travaillées à 72 heures après plus de dix ans d’études le tout afin de se cramponner, eux, à leurs 35 heures, ces vraies responsables de la baisse de leurs revenus, car le pouvoir d’achat/h du smic, lui, a doublé comme nous l’avons vu.
Quant aux économies que nous avons laborieusement déposées à la CARMF pour assurer à nos frais notre retraite, le gouvernement va-t-il hésiter à les piller pour financer celle des fonctionnaires pour lesquels il n’a jamais mis un sou de côté ? Le monde à l’envers : ronds-points versus point-de-ronds.
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