Lundi 8 août, le Dr Angélique Roby a été licenciée du centre de santé Saint-Vincent-de-Paul du Buisson-de-Cadouin (Dordogne), qui l’employait comme médecin généraliste depuis le mois d’avril 2021. La raison, avancée par le président de l’association non lucrative qui gère le centre, Mérico Chies, est purement économique.
Ce dernier l’a justifié auprès du journal le Sud-Ouest. « Depuis le début, ce poste était en déficit chronique et mettait en péril les finances du centre ». Ainsi, ce licenciement permettrait de ne pas fermer la structure qui emploie 25 personnes, dont huit infirmiers et dix aides-soignants. Le trésorier de l’association avait émis, à l’époque, un avis défavorable à la création de ce poste…
Plus de 400 patients suivis
Le Dr Roby, 43 ans suivait plus de 400 patients et en voyait (au centre, à l’Ehpad de la commune, ou à domicile) deux à trois par heure. La praticienne avait exercé 12 ans auparavant à l’hôpital de Bergerac (Dordogne) en tant que médecin urgentiste, avant qu’on lui propose le seul poste de médecin dans le centre de santé de ce village de 2 000 habitants.
Mi-temps salarié, le poste était même passé à 75 % en avril 2022 en raison de l’augmentation de la patientèle. Mais, deux mois plus tard, la direction du centre de santé lui a demandé de passer à quatre ou cinq par heure pour éviter un dépôt de bilan, ce qu’elle a refusé. La praticienne a cherché des solutions. Recruter une assistante médicale pour libérer du temps médical ? Le centre n’a pas les moyens ; ce sera son poste qui sera sacrifié.
Une pétition lancée par des patients
En réaction à son licenciement, un « collectif des patients du Dr Roby » a lancé une pétition en ligne pour demander à l’agence régionale de santé (ARS) Dordogne de maintenir le poste de la praticienne.
Ces patients écrivent être « choqués » d’apprendre le départ de la généraliste, dont ils apprécient « la qualité professionnelle » et soulignent l’importance d’avoir un « médecin en milieu rural », dans un contexte de désertification médicale - les deux autres généralistes de la commune n’arrivant pas à prendre de nouveaux patients.
Alors, « il est intolérable pour des patients très satisfaits des soins et de l’écoute fournie » que le Dr Roby « soit remerciée, quelques qu’en soient les causes ! » Lundi 22 août, la pétition a reçu presque 1 700 signatures et plus de 130 messages de soutien.
L’ARS laconique
Le Dr Roby a décidé de maintenir un lien et un suivi par mail avec ses patients les plus malades. Elle réfléchit à s’installer en libéral ou trouver un autre emploi salarié localement.
L’ARS, qui avait subventionné l’établissement en 2016 lors de sa création, à hauteur de 50 000 euros, a répondu au Dr Roby – qui l’avait sollicitée pour maintenir son poste – laconiquement. « Malheureusement, l’activité médicale du centre s’est révélée insuffisante pour garantir sa viabilité économique. »
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