Lundi 21 avril 2025, le pape venu du bout du monde s’est réveillé dans son appartement de la maison Sainte-Marthe à 6 heures. Une heure plus tard, il a eu un malaise. Un AVC qui l’a entraîné dans le coma. Durant ses trois dernières apparitions pendant la semaine sainte, l’Argentin, âgé de 88 ans et très affaibli après une double pneumonie ayant nécessité une hospitalisation de 38 jours, avait montré plusieurs signes importants de grande fatigue.
Le constat de décès publié ce lundi 21 avril par la salle de presse du Saint-Siège précise que le pape avait souffert d'un épisode antérieur d'insuffisance respiratoire aiguë dans le cadre d'une pneumonie multimicrobienne bilatérale et présentait des bronchectasies multiples, une hypertension artérielle et un diabète de type 2.
Les coupes budgétaires dans la santé, « un outrage envers l’humanité »
À présent, tout est fini mais tout n’est pas dit. Samedi matin, il y aura l’enterrement grandiose que François aurait pourtant voulu simple comme pour les autres hommes, puis l’inhumation du corps en la basilique Sainte-Marie-Majeure et non pas dans la nécropole papale de la basilique Saint-Pierre.
Dans l’intervalle et avant l’avènement d’un nouveau pape, la société s’interroge sur ce qu’il restera de Jorge Maria Bergoglio. Dès l’annonce du décès, la communauté médicale italienne a dit sa douleur. « Le monde a perdu son médecin. Pour le pape François, l’Église était un hôpital de campagne, il était capable de soigner les blessures de l’humanité tout entière », s’est ému le Dr Filippo Anelli, président de Fnomceo, la Fédération nationale des Ordres des médecins. Pour le Pr Tiziano Onesti, président de l’hôpital pédiatrique catholique Bambino Gesù, la médecine perd un soutien important. Le fait est que durant tout son pontificat, le pape François s’est mobilisé à plusieurs reprises pour défendre la santé publique et réclamer un peu plus d’engagement, notamment financier, de la part des États. « Les coupes dans la santé sont un outrage envers l’humanité », avait-il déclaré récemment en affirmant que la santé ne peut pas être un privilège et que la logique du profit et des marchés ne peut pas être appliquée au corps de l’homme.
La santé publique, une « richesse » à préserver
Dans ses messages adressés au monde entier tous les 11 février à l’occasion de la journée mondiale des malades, le pape a toujours défendu le concept de santé publique et de système sanitaire. Il a qualifié la santé de droit, de bien commun et les soins d’acte fondamental de fraternité. « Quand un pays perd cette richesse que représente la santé publique, alors il commence à faire une distinction au niveau de la population car il y a ceux qui peuvent bénéficier de soins privés et les autres, plus démunis, qui ne peuvent pas. L’Italie a une énorme richesse : sa santé. Ne la perdez pas », avait dit François il y a quelques mois devant les représentants des différentes associations médicales italiennes.
La vaccination, un « acte d’amour »
Fervent défenseur de la vaccination, qu’il a qualifié d’« acte d’amour », François s’est érigé en grand pourfendeur des « informations infondées » pendant la crise sanitaire et au-delà. À plusieurs reprises, le pape a appelé la communauté internationale à « poursuivre l'effort » de vaccination, estimant que la pandémie impose une « cure de réalité ». « L'ensemble de la population mondiale [doit avoir] un accès égal aux soins médicaux essentiels et aux vaccins », avait-il exhorté en janvier 2022, lors de son discours annuel adressé aux ambassadeurs accrédités au Vatican.
Selon le pontife argentin, « les vaccins ne sont pas des outils magiques de guérison, mais ils représentent certainement, en plus des traitements qui doivent être développés, la solution la plus raisonnable pour la prévention de la maladie ».
L’IVG, un recours à un « tueur à gages »
Mais si François a fait preuve de modernisme sur la vaccination, il a toujours maintenu un discours conservateur sur le droit à l’avortement depuis sa prise de fonction en 2013, et ce malgré le recul constaté dans plusieurs pays.
Lors d’une audience générale hebdomadaire au Vatican en 2018, le Saint-Père avait comparé l’IVG, au recours à « un tueur à gages », ce qui n’avait pas manqué de faire réagir la société italienne de gynécologie et obstétrique, pour qui « il faut distinguer, l’éthique, la morale, la religion et la santé des femmes ». Le pape avait ensuite fustigé « la dépréciation de la vie humaine » et dénoncé « la violence et le refus de la vie » de l’IVG, évoquant les enfants qui devaient naître avec un handicap. Quelques mois avant, le souverain pontife avait soutenu que l’avortement était une pratique « en gants blancs », au même titre que celui pratiqué autrefois par « les nazis ».
Quant à l’euthanasie, le pape a estimé en 2014 lors d’un discours aux membres de l’Association des médecins catholiques italiens qu’il s’agissait d’une « fausse compassion ». Au point d’encourager les praticiens à faire « des choix courageux et à contre-courant qui peuvent, dans certaines circonstances particulières, aller jusqu’à l’objection de conscience, avec toutes les conséquences sociales que ce genre de fidélité comporte ».
Le 6 avril, l’Argentin avait fait l’une de ses dernières apparitions place Saint-Pierre au terme d’une messe pour les soignants dans le cadre de l’année jubilaire, l’année sainte en cours. Il avait dit qu’il priait pour les médecins, les infirmiers, les professionnels de santé qui travaillent dans des conditions difficiles et subissent des agressions inacceptables. François avait aussi comparé la profession de soignant à une « vocation ». La médecine, disait-il, n’est pas un simple exercice technique mais une mission de proximité et les soignants doivent toujours regarder leur patient avec un regard empreint d’humanité.
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