L'instauration d'une taxe sur la teneur en alcool ou d'un prix minimum par unité d'alcool (PMU) sont deux leviers efficaces pour faire baisser la mortalité liée à la consommation de spiritueux.
Et ce dans toutes les catégories socio-économiques de la population. C'est ce que démontre une équipe de l'université britannique de Sheffield dans « Plos Medicine ». Pour ce faire, les chercheurs ont précisément analysé l'impact de différentes stratégies de taxation sur la consommation individuelle d'alcool ainsi que sur les maladies et nombre de décès qui y sont associés : taxe ad valorem (comme la TVA), taxe unitaire, taxe sur la teneur en alcool ou prix unitaire minimum.
Il en ressort un résultat d'ensemble relatif à toutes les politiques confondues avec une diminution de 4,3 % des décès. Il apparaît également une diminution significative des décès chez les gros consommateurs au sein des populations défavorisées avec l'instauration d'une taxe sur la teneur en alcool (6,1 %) ou d'un prix minimal par unité (7,8 %). Cette dernière mesure a pour effet d’augmenter le prix actuellement modique de certaines boissons à fort taux d’alcool. Ce type de boissons étant souvent acheté par les consommateurs qui souffrent d'alcoolisme. Selon les chercheurs des mesures d’ordre fiscal ne permettent pas de réaliser cet objectif avec le même niveau de succès.
Ces résultats font écho à l'avancée des stratégies de lutte contre l'alcoolisme en Europe. Un rapport de l'OCDE, publié en mai dernier, estimait qu’une « réduction de la consommation de 10 % pourrait être atteinte dans l’OCDE, moyennant une combinaison de diverses politiques publiques, notamment en agissant sur les prix de l’alcool, à travers la taxation ou l’établissement d’un prix minimum ».
La Cour européenne contre l'instauration d'un prix minimum par unité d'alcool
L'Écosse a instauré depuis 2012 un prix minimum par unité d'alcool. Mais la Cour de justice européenne a estimé en décembre que cette législation avait « un effet très restrictif sur le marché, qui pourrait être évité par l'introduction d'une mesure fiscale visant à augmenter le prix d'alcool ». La Cour a notamment souligné que l'instauration d'un prix minimum était un « obstacle à la libre circulation des biens », entravant ainsi potentiellement l'accès au marché britannique de produits provenant d'autres États membres. La secrétaire d'État écossaise à la Santé s'en est remise à la juridiction nationale qui doit se prononcer.
De son côté, le gouvernement irlandais a récemment annoncé vouloir également adopter un PMU. De même qu'au Danemark où l'avis de la Cour européenne ne semble pas non plus avoir été entendu. Peu après sa promulgation, l’association médicale danoise a appelé le gouvernement à fixer un prix minimum afin de limiter le phénomène de « binge drinking », notamment chez les jeunes.
« Le recours aux taxes, la régulation de l’accessibilité du produit (nombre de points de ventes, horaires d’ouverture, âge minimum légal…) semblent être particulièrement efficaces pour réduire la morbidité et la mortalité dues à l’alcool. Certaines mesures (fixation d’un prix minimum par unité d’alcool notamment) pourraient également permettre d’agir au bénéfice des moins favorisés », indiquait la dernière publication de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) sur la Consommation d'alcool en France en 2014. Celle-ci représente la deuxième cause de mortalité évitable en France, après le tabagisme.
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