L'Académie nationale de médecine a pris position, dans un communiqué, contre l'alcool, qualifié de « problème majeur de santé publique » responsable chaque année de « 41 000 décès » en France. Les académiciens critiquent les mesures du plan national de mobilisation, plus de 3 mois après sa publication, et s'attaquent à la place des lobbies près d'un an après la vague de protestations provoquée par l'irruption des alcooliers dans la mise en place de politiques de santé publique. Cette prise de position fait suite à 2 séances de l'Académie : celle du 2 avril au cours de laquelle le président de la MILDECA, le Dr Nicolas Prisse, a été auditionné, et celle du 9 avril, consacrée à l'évaluation des politiques de santé publique.
Dans leur communiqué, les académiciens reprennent à leur compte plusieurs demandes déjà formulées par l'INCa, l'OMS et la Cour des comptes, à commencer par le respect de la loi Evin, notamment en ce qui concerne le bannissement total de la publicité de l'alcool et des « indications claires » surconcernant la quantité d'alcool en grammes et le nombre de calories.
Ils demandent aussi la mise en place d'un pictogramme dissuadant la consommation par les femmes enceintes, ou qui désirent l'être, et un message indiquant clairement que « l'alcool est dangereux pour la santé » (et non le seul excès). Enfin, les académiciens plaident pour un texte des boissons alcooliques au gramme d'alcool et pour un prix minimum par gramme d'alcool.
La ligne rouge de l'Élysée sur le prix
Cette communication de l'Académie prend l'actualité à contre-pied, plus de 3 mois après la publication du plan national de mobilisation de la MILDECA. Ce dernier définit un certain nombre d'orientations pour organiser la lutte contre la consommation excessive d'alcool en France dans les années à venir. Les mesures incitatives sur le prix (taxation, prix minimum…) ne figurent pas dans ce plan. Elles avaient été écartées dès février 2018 par le président de la République, Emmanuel Macron, bien qu'elles figurassent dans les propositions de l'INCA. En ce qui concerne, l'amélioration de l'étiquetage, quelques mesures figurent bien dans le plan de la MILDECA, et notamment l'amélioration de la lisibilité des avertissements de santé publique à destination des femmes enceintes.
Dans son communiqué, l'Académie s'en prend également au lobby alcoolier dont ils dénoncent l'ingérence dans l'élaboration des politiques de santé publique en matière d'alcool. « Que dire de la reconnaissance de la filière viticole comme acteur de la prévention ? [..] D’interventions ministérielles répétées donnant au vin un rôle particulier alors qu’il représente la moitié de l’alcool consommé ? De l’extension du fond tabac abondé par une taxe sur le tabac à l’ensemble des addictions sans la moindre participation de la filière alcool ? De la proposition parlementaire de rétablir la consommation d’alcool dans les stades ? » Énumèrent les académiciens, qui font ici référence au « plan prévention » présenté le 27 juin 2018 à l'Élysée par la filière des boissons alcoolisées : Brasseurs de France, la Fédération française des spiritueux, la Fédération française des vins d'apéritifs, Vin & Société – dont l'ancienne déléguée générale Audrey Bourolleau est aujourd'hui la conseillère Agriculture d'Emmanuel Macron.
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