Les taux de guérison de l’hépatite C sont aujourd’hui proches de 95 %, ce qui laisse espérer une éradication de cette infection. « Mais ceci ne pourra se faire que si l’on va chercher les patients qui ont jusqu’alors échappé au dépistage et au traitement », rapporte le Pr Lionel Piroth (CHU Dijon). Dans la perspective de l’accès universel au traitement annoncé par la ministre des Affaires Sociales et de la Santé en mai 2016, le rapport Dhumeaux, publié à l’automne dernier, a bien souligné la nécessité de mettre en place des mesures afin de dépister, traiter et suivre les sujets infectés, qui pour bon nombre d’entre eux se trouvent dans des situations précaires éloignées des structures de soins. On estime à plusieurs dizaines de milliers les personnes infectées par le VHC qui n’ont pas encore été traitées, notamment parce qu’elles ne sont pas au courant de leur statut, et/ou parce que non engagées dans une filière de soins, et plus particulièrement les personnes droguées, détenues ou migrantes.
Un rôle pour les associations et les pharmaciens dans le dépistage
« Il y a clairement une population qu’il faut dépister, traiter et suivre en faisant le lien avec les structures de soins », note le Pr Piroth, qui estime toutefois qu’il ne faut pas avoir une réflexion spécifique à l’hépatite C mais qu’il faut raisonner en termes de dépistage combiné VHB, VHC et VIH. Dans ce cadre, les tests rapides d’orientation et de diagnostic (TROD) devraient occuper une place croissante. « L’expérience acquise avec les TROD VIH montre que ces tests permettent effectivement d’élargir la population dépistée », rappelle le Pr Piroth, en citant une enquête menée dans des pharmacies : 56 % des sujets ayant fait appel aux TROD ne se seraient pas fait dépister ailleurs. Les associatifs et les pharmaciens pourraient ainsi jouer un rôle plus important dans ce dépistage, « il s’agit d’une piste de réflexion, rien n’est acté, précise le Pr Piroth. Autre pilier sur lequel s’appuyer, en particulier pour les populations migrantes : les associations, qui peuvent participer au dépistage avec les TROD. Mais il faut ensuite filiariser les sujets dépistés, les orienter vers des structures spécialisées ».
Suivre et éduquer pour éviter les pratiques à risque
S’il y a eu de gros progrès faits chez les usagers de drogues, on assiste actuellement à une épidémie d’hépatites C aiguës avec des cas de réinfection plus particulièrement chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes avec pratiques à haut risque, dans un contexte d’usage de drogue en contexte sexuel (Chem-Sex ou SLAM), et souvent co-infectés par le VIH. « Il faut donc un véritable accompagnement et suivi pour modifier les pratiques. L’éducation à la santé est un vrai défi, qui n’est pas spécifique au VHC. Les taux élevés de guérison permis par les antiviraux directs ne signent pas la fin du combat contre le VHC, mais rendent au contraire d’autant plus importantes les actions en amont et en aval, et donc le dépistage des sujets infectés, le suivi et l’éducation à la santé des patients », conclut le Pr Piroth.
D’après un entretien avec le Pr Lionel Piroth, CHU Dijon
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