L'e-cigarette peut être un outil d'aide à l'arrêt du tabac, reconnaît le HCSP

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Publié le 24/02/2016
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Crédit photo : PHANIE

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) publie un nouvel avis qui reconnaît que la cigarette électronique « peut être considérée comme une aide pour arrêter ou réduire la consommation de tabac des fumeurs ».

Le Haut Conseil, répondant à une saisine de la Direction générale de la santé (DGS) et de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues (MILDECA), actualise ainsi sont précédent avis de juin 2014 dans lequel il pointait le risque d'entrée en addiction nicotinique chez les plus jeunes.

« Le contexte a aujourd’hui évolué et les connaissances scientifiques se sont étoffées », précise le HCSP, qui rappelle aussi le souhait formulé par les associations (de tabacologie, de promotion de la réduction des risques, d’usagers d’e-cigarette) et les professionnels de santé, d'une clarification du statut de la cigarette électronique et de son intégration en tant qu’outil de sevrage et de réduction des risques.

Hausse des tentatives d'arrêt

Les experts observent qu'en 2014, les ventes de cigarettes ont diminué, de même que celles de tabac à rouler. « Pour cette dernière catégorie de produits du tabac, il s’agit de la première diminution des ventes depuis 2008 », notent-ils. Le Baromètre santé 2014 indique, par ailleurs, que les tentatives d’arrêt du tabac dans la population des 15-75 ans ont significativement augmenté. « Dans le même temps, les ventes de traitements pour l’arrêt du tabac diminuaient, laissant à penser à un glissement des Français soucieux d’arrêter de fumer ou de diminuer leur consommation des substituts nicotiniques traditionnels vers la cigarette électronique », souligne le HCSP.

Les travaux scientifiques échouent à démontrer la supériorité radicale de la cigarette électronique, nicotinée ou non, sur les substituts nicotiniques que sont les patchs.

Toutefois 82 % des vapofumeurs déclarent que la cigarette électronique leur a permis de réduire leur consommation de tabac (diminution moyenne déclarée de 8,9 cigarettes par jour. « En diminuant la dose de tabac consommé, la cigarette électronique peut être considérée comme un outil de réduction des risques, au moins à court terme », note le HCSP. De plus, les e-liquides présentent l’intérêt d’annuler, ou de significativement réduire, les risques de cancers et sont « beaucoup moins nocifs que le tabac même si d’autres risques subsistent, apparaissent ou sont à ce jour inconnus. Une extrême vigilance reste donc de mise concernant la toxicité de ces produits ».

Au regard de ces arguments plutôt favorables, le HCSP rappelle les risques liés à la nicotine, aux composants chimiques des e-liquides (en particulier du diacétyle), le risque de porte d'entrée au tabagisme et celui de normalisation de l'usage du tabac.

De la consultation des parties prenantes, les experts retiennent que la e-cigarette « est clairement entrée dans la panoplie d’outils de sevrage tabagique des professionnels de santé mais aussi de ceux de la réduction des risques. Les perceptions d’efficacité qu’ils en ont sont excellentes, qu’elles portent effectivement sur le sevrage tabagique ou sur celles de la réduction des risques ». 

Une cigarette « médicalisée »

Le HCSP recommande d’informer, « sans en faire publicité », les professionnels de santé et les fumeurs que la cigarette électronique est une aide à l’arrêt du tabac ; qu'elle est un mode de réduction des risques du tabac en usage exclusif.

Toutefois, il recommande de maintenir les modalités d’interdictions de vente et de publicité prévues par la loi et d’étendre l’interdiction d’utilisation à tous les lieux affectés à un usage collectif.

De même, le HCSP fait un certain nombre de suggestions comme la réalisation d’études épidémiologiques et cliniques robustes sur la cigarette électronique et le lancement de recherches en sciences humaines et sociales sur cette question. Selon le Haut Conseil, le statut de la cigarette électronique et des flacons de recharge doit être clarifié tandis que les efforts de labellisations et de marquages pour informer les consommateurs et assurer leur sécurité doivent être poursuivis. Le HCSP invite à engager une réflexion sur la création d’une cigarette électronique « médicalisée ».

Dr Lydia Archimède

Source : lequotidiendumedecin.fr