« Tolérance zéro alcool pendant la grossesse » : le mot d'ordre de l'Académie de médecine appelle à déclarer la lutte contre l'alcoolisation fœtale comme « grande cause nationale ». « On peut aujourd'hui mettre en œuvre une prévention active et efficace », alerte-t-elle vendredi 25 mars dans un communiqué.
Elle y insiste sur l'importance de considérer l'alcoolisation fœtale « comme une maladie chronique qui impose chez la mère une surveillance des contrôles et des dosages biologiques afin de prévenir les désordres fœtaux. » Alors que « la France accuse un retard important, notamment par rapport aux pays anglo-saxons, dans l'information, la prévention et la prise en charge de ces troubles » dont elle souligne « la diversité, la gravité et surtout l'irréversibilité. »
« La prévention, la seule solution », selon l'Académie
La consommation de boissons alcooliques pendant la grossesse augmente de manière inquiétante rappelle-t-elle, et 500 000 Français souffrent à des degrés divers de séquelles de l’alcoolisation fœtale. Tandis que plus de 20 % de la population en ignore les risques. « Or, on constate parallèlement une augmentation des troubles du comportement chez les enfants en âge scolaire et les adolescents, qui suggère une relation de cause à effet avec l’usage de substances toxiques au cours de la grossesse, l’alcool en particulier » relève l'Académie. Le SAF n'étant, selon elle, « que la partie émergée d'un iceberg » regroupant tous les troubles non extériorisés, cognitifs et comportementaux de l’enfant, de l’adolescent et même de l’adulte. En l'absence de tout traitement curatif, « la prévention est la seule solution » insiste le texte arguant de la disponibilité de nouveaux outils efficaces dans ce combat.
De nouveaux outils efficaces pour protéger mères et enfants
Il est désormais possible de détecter objectivement l’alcoolisation maternelle et fœtale est-il expliqué. Des auto-questionnaires ont notamment été validés permettant, sans culpabiliser les femmes, de surmonter l'écueil du déni. À la différence des tests biologiques classiques indirects (gamma GT – tests hépatiques – hémogramme), peu sensibles et peu fiables et à l'origine de nombreux faux positifs, les nouveaux biomarqueurs mesurent directement la concentration des métabolites dérivés de l'éthanol. Décelables par une simple analyse capillaire chez la mère et par un dosage dans le méconium du fœtus, ils permettent de repérer a posteriori avec précision et fiabilité une alcoolisation maternelle avec consommation excessive et répétée. Le communiqué souligne également les progrès de l’IRM chez le fœtus in utero et le nouveau-né permettant de localiser précisément les zones cérébrales impactées par l’intoxication à l’alcool.
L'appel à une mobilisation à tous les niveaux
L'Académie de médecine termine en rappelant que la lutte contre le SAF exige surtout une mobilisation à tous les niveaux. Les biomarqueurs biologiques modernes de l’alcoolisation trouvent selon elle légitimement leur place dans la surveillance de la grossesse et, à l'instar de ce qui est déjà fait dans d'autres pays, la France doit les mettre au plus vite en application. Et de conclure « leur large utilisation témoignerait de la volonté des pouvoirs publics de lutter avec détermination contre un fléau qui atteint la fraction sensible, vulnérable et sans défense de la société : le fœtus. »
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