« L'alcoolisation fœtale est la première cause de handicap mental non génétique et d’inadaptation sociale de l’enfant », note Santé publique France (SpF). Tératogène pour l'embryon, toxique pour le fœtus, l'alcool pris en excès durant la grossesse a de nombreuses conséquences : retard de croissance de l’enfant, microcéphalie, excès du massif facial, troubles du neuro-développement. Dans la petite enfance, cela se traduit par des déficits d'attention, des problèmes dans l'acquisition du langage, dans l'apprentissage à l'école, à la maison et dans l'adaptation sociale.
Parmi les troubles causés par l'alcoolisation fœtale (TCAF), le syndrome d'alcoolisation fœtal (SAF) est l'atteinte la plus sévère. Son incidence est mal connue. En 2018, à partir des données du Programme de médicalisation des systèmes d'information, SpF l'a estimée à au moins une naissance par semaine tandis que les TCAF concernent une naissance par jour et sont restées stables entre 2006 et 2013. Les disparités régionales sont fortes : 500 000 personnes en souffriraient en France, surtout à la Réunion, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Bretagne.
Idées reçues
En l'absence de données sur un éventuel seuil à partir duquel l'alcool serait néfaste pour l'enfant, le principe de stricte éviction reste de mise. Pourtant, le baromètre santé 2 017 nous apprend qu’une femme sur dix déclare avoir consommé de l'alcool occasionnellement pendant sa grossesse. SpF confirme que plus d’un tiers de la population continue à penser que « prendre un verre pour les grandes occasions ne présente pas de risque pour le bébé à venir », 3 % estiment qu’un verre par jour est acceptable et 6 % pensent qu’un verre ou deux dans le mois est inoffensif.
SpF et la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) poursuivent leur travail d’information, comme lors de la journée mondiale de sensibilisation au SAF ou à travers le site alcool-info-service.fr
Une démarche en phase avec la politique de prévention lancée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour diminuer les 500 000 décès annuels liés à l’alcool. Inquiète de la consommation d'alcool chez les jeunes, elle a appelé à la vigilance et à la sensibilisation des futures mères : entre 18 et 25 ans, 28 % des femmes ont connu plusieurs épisodes d'ivresse dans l’année.
Améliorer le dépistage
Pour améliorer l’information, Agnès Buzyn souhaite rendre plus lisible le pictogramme femme enceinte, obligatoire depuis 2006 sur les bouteilles d'alcool, et s’appuyer sur les professionnels de santé de premier recours (médecins, sages-femmes…). Des dépliants ont été distribués directement aux femmes enceintes dans les boîtes maternité. Elle veut améliorer le dépistage et la prise en charge des enfants atteints, mais également des femmes « à risque » durant de leur grossesse.
Au fil des ans, une lente prise de conscience s’opère tout de même. Selon l’enquête SpF de mai 2017, 44 % des Français déclarent spontanément que le risque zéro n'existe pas (contre 25 % en 2015), 64 % (vs 53 %) savent qu'un verre de vin ou de bière est aussi dangereux qu'un verre d'alcool fort, 33 % (vs 20 %) sait que les risques sont présents tout au long de la grossesse. Les fausses idées reculent : 21 % contre 27 % pensent qu'il est conseillé de boire un petit verre de vin de temps à autre pendant la grossesse. Un progrès qui mériterait d’être appuyé par un pictogramme beaucoup plus clair et plus lisible sur chaque bouteille contenant de l’alcool.
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