D’ABORD PRENDRE le temps d’arrêter. « Le temps nécessaire à la mise en place des fondations d’une maison est essentiel à sa solidité future. Pour arrêter de fumer, c’est la même chose ! » explique Béatrice Le Maître, tabacologue au CHU de Caen. L’arrêt du tabac n’est pas « une ardoise magique » : tenir compte du puissant conditionnement physique et psychologique qui accompagne cette dépendance physique.
« Comment vous sentez-vous ? » : c’est l’autre question indispensable pour ne pas passer à côté d’un état anxio-dépressif. L’échelle HAD (Hospital Anxiety Depression scale) est un auto-questionnaire très utile, à refaire au cours du sevrage*.
« Pourquoi fumez-vous ? » : le rôle du médecin est aussi d’aider à mettre en musique motivations et craintes à l’arrêt et de permettre au fumeur de déceler ce qui se cache derrière ce « fameux » plaisir, pour devenir acteur de son sevrage.
Marina, célibataire, 46 kg, est légère et virevolte comme la fumée de ces cigarettes. Elle fume 2 paquets par jour et veut s’arrêter de fumer pour reprendre du poids (elle souffre d’une anémie de Biermer et se trouve trop maigre). Sa démarche est volontaire. Elle fumait beaucoup chez elle. La première étape a consisté à apprendre à ne plus fumer qu’à l’extérieur ; elle a passé un week-end à « tout décrasser » tout en prenant « de la distance » avec ses envies de fumer. Elle s’est sentie fière et avec l`aide de formes orales a aussi réussi à moins fumer. Exit la dernière cigarette du coucher ! Trois semaines après, la décision d’arrêt s’est imposée à elle (patchs et inhaleur) ; son appartement sent bon, son teint a changé... Marina a envie de tenir bon. « La consultation sert aussi à entamer une réflexion avec le fumeur sur la manière dont il va pouvoir gérer les situations à risque de reprise. »
Quid de la motivation ?
« On arrête pour soi et pas pour les autres », insiste cette spécialiste ; « la motivation est souvent peu liée aux problèmes de santé, même avec une artérite ou une BPCO », et si le plaisir de fumer est grand, plus grand encore est le plaisir de ne plus fumer.
Les causes d’échecs préalables seront analysées. « Souvent, c’est un sous-dosage initial en substituts nicotiniques qui a découragé le fumeur », explique cette tabacologue.
« Si la crainte de prise de poids est importante, expliquer que ce n’est pas une fatalité, analyser les comportements alimentaires et insister sur la nécessité d’un traitement suffisamment prolongé, sur plusieurs mois. »
Autre point : dédramatiser les rechutes éventuelles, positiver les acquis, aider le fumeur à analyser les causes de ces faux pas et à trouver de nouvelles stratégies de résistance.
Par ailleurs, toujours encourager à l’arrêt, même en cas de faible consommation « il n’y a pas de petite consommation non dangereuse dans le temps ».
L’arrêt du tabac est un vrai travail d’équipe médecin-patient.
* www.inpes.sante.fr, dossier tabacologie
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