Le gouvernement a présenté mardi 9 janvier ses 18 mesures, issues du travail du comité interministériel de la sécurité routière, destinées à réduire la mortalité routière. Parmi ces mesures, figure en bonne place la généralisation de la pose obligatoire d'un éthylotest antidémarrage (EAD) sur les véhicules des conducteurs en cas de récidive de conduite en état alcoolique.
La pose de ces appareils se veut être une alternative au retrait de permis, synonyme de rupture de lien social ou de perte d'emploi pour certains conducteurs. Les EAD existent déjà aux États unis, au Canada en suède, en Finlande, aux Pays-Bas et en Autriche. Depuis le 1er septembre 2015, ils sont obligatoires en France dans les bus et autocars, mais leur recours est un échec chez les particuliers : seulement quelques dizaines ont été installées selon la délégation de la sécurité routière.
Cette différence serait responsable de la différence de performance entre la France et ces pays en matière de récidive : « En Finlande, le taux de récidive est de mois de 6 % contre 30 % normalement », souligne le Dr Philippe Lauwick, président de la commission « santé et déplacement sur la route » du Conseil national de sécurité routière.
Selon la loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure de 2011, un juge peut demander l'installation d'un EAD chez une personne responsable d'un délit impliquant l'alcoolémie. Dans les faits, le prix de 1 500 euros de chaque dispositif constitue « un frein énorme », selon le Dr Philippe Lauwick.
Le suivi qui fait la différence
Cette mesure n'est pas nouvelle : une généralisation de l'obligation des EAD est déjà prévue pour le 1er janvier 2019 et un protocole de préfiguration de l'EAD dans un cadre médico-administratif, sur décision préfectorale, accompagné d’un stage médico éducatif est en cours dans 4 préfectures (Nord, Marne, Drôme et Finistère) est en cours depuis mars dernier.
Selon le Dr Patrick Daimé, secrétaire général de l’association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA) qui participe à ce protocole, le bémol du système actuel est le manque de suivi. « Une fois l'appareil retiré, les conducteurs récidivent s'il n'y a pas de suivi médico-social » confie-t-il. Le Dr Daimé appuie cette constatation sur les résultats de l'étude EVACAPA (EValuation d'une Action auprès des Conducteurs Ayant un Problème d'Alcool) menée à Besançon par l'ANPAA du Doubs entre 1998 et 2001. Un suivi psychoéducatif proposé à un groupe de 372 conducteurs, arrêtés pour la première fois avec une alcoolémie excessive, a divisé par 4 le risque de récidive.
Trois stratégies ont été proposées : « stratégie minimale » (2 entretiens), une « stratégie individuelle » (document interactif, information sur les risques de la consommation d'alcool, une aide stratégique, trois entretiens, une lettre par mois portant sur l'alcool au volant avec questionnaire à retourner et deux entretiens médicaux) et une « stratégie collective » (cinq séances de groupes et deux entretiens médicaux). Dans le groupe stratégie minimale, on compte 15 % de récidives d'ivresse au volant, contre 11 % pour la stratégie individuelle et 5,5 % pour la stratégie collective. Ces chiffres sont à comparer aux 22 % de récidives observées sur le même territoire avant le lancement de l'expérimentation. « Nous avons défendu l'idée d'adjoindre systématiquement des stages psychoéducatifs à l'installation des EAD, explique le Dr Daimé, On travaillera avec les ARS afin de lever les différents freins et les difficultés que peut générer la mesure », promet le Dr Daimé.
Une vitesse maximale réduite
Une autre mesure importante, et surtout impopulaire, est la réduction dès juillet 2018, de la vitesse maximale sur 400 000 km de routes secondaires à double sens sans séparateur central. Cette dernière passant de 90 à 80 km/h. Le comité interministériel rappelle que la vitesse « excessive ou inadaptée » était impliquée dans 32 % des accidents mortels en 2016. Grâce à la réduction de la vitesse maximale « 350 à 400 vies par an » pourraient être sauvées. Un bilan de cette mesure est prévu au 1er juillet 2020. En voiture, la distance d'arrêt incompressible est de 70 m à 90 km/h contre 57 m à 80 km/h.
L'État s'attend à ce que cet abaissement des vitesses maximal génère un surplus de recettes, qu'il propose d'affecter à la création d'un fonds d'investissement pour la modernisation des structures sanitaires et médico-sociales destinées à la prise en charge des accidentés de la route. En 2016, 75 000 personnes ont été blessées dans un accident de la route, dont 30 000 ont été hospitalisés.
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