Selon une étude financée par le centre collaboratif Santé mentale et Addiction de l'Organisation des nations unies, la consommation mondiale d'alcool a augmenté depuis 1990, et continuera à croître jusqu'en 2030, principalement à cause de la forte hausse de la consommation en Asie du Sud-Est et dans l'Ouest du Pacifique.
Les auteurs de ces travaux, publiés dans le « Lancet », ont rassemblé les données relatives à l'importation, l'exportation et aux revenus fiscaux liés à la vente d'alcool dans 189 pays entre 1990 et 2017. Couplées à des enquêtes menées par les différentes autorités sanitaires, ces informations ont permis de modéliser des projections statistiques jusqu'en 2030.
Sur l'ensemble des pays de l'étude, la consommation d'alcool pur par habitant âgé d'au moins 15 ans est passée de 5,9 à 6,5 l (9,8 l chez les hommes et 2,7 l chez les femmes) entre 1990 et 2017, et devrait atteindre 7,6 l en 2030. En 1990, 45 % des adultes étaient des « buveurs actuels » (au moins une consommation d'alcool au cours des 12 mois écoulés), contre 47 % en 2017. Les auteurs s'attendent à ce qu'un adulte sur 2 soit un « buveur actuel » en 2030.
Abstinence en baisse, alcoolisation massive en hausse
Dans un sous-groupe de 149 pays, des données d'enquêtes plus précises ont permis l'évaluation de la prévalence de l'abstinence. Cette dernière est passée de 46 à 43 % en 27 ans. Cette diminution n'est toutefois pas statistiquement significative. Dans un autre groupe de 118 pays, il était également possible d'évaluer la prévalence des personnes connaissant des périodes de forte alcoolisation (au moins une prise de 60 g d'alcool en une occasion unique au cours des 30 derniers jours). En 2017, 20 % des adultes répondaient à cette définition, contre seulement 18,5 % en 1990, et 23 % en 2030 selon les projections.
« Nous prévoyons que ces 2 tendances se poursuivent, affirment au « Quotidien » le premier auteur Jakob Manthey, de l'institut de psychologie clinique et de psychothérapie. La prévalence de l'abstinence devrait descendre jusqu'à 40 %, soit -0,2 % par an, et la proportion de buveurs réguliers devrait atteindre 50 %. »
Les objectifs de l'OMS en matière réduction des risques de maladies non transmissibles et de dommages corporels liés à l'alcool « ont peu de chances d'être remplis à ce rythme », regrette Jakob Manhey, qui note l'hétérogénéité des situations. « Cela fait maintenant 3 décennies que l'alcool régresse en Europe alors qu'il augmente dans de nombreux pays asiatiques », souligne-t-il. Globalement, la consommation d'alcool a doublé en Asie du Sud-Est et a augmenté de moitié dans la région Pacifique.
Il est toutefois important de noter, que les niveaux de consommation en Asie du Sud-Est, bien qu'en progression, soient encore inférieurs à ceux d'autres régions comme l'Europe de l'Ouest.
Jakob Manthey voit dans ces résultats une « inversion des rôles entre les pays les plus riches, qui concentraient l'essentiel de la consommation d'alcool en 1990, et les pays en développement où la consommation augmente fortement, explique-t-il. Trois facteurs concourent principalement à l'évolution de la consommation d'alcool dans un pays : le développement économique, la religion et les politiques de santé publique. En Asie du Sud-Est, le premier facteur a fait augmenter la consommation d'alcool sans que le second ou le 3e facteur ne viennent freiner le phénomène », détaille-t-il.
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