« Les allergies respiratoires font partie de ces nouvelles épidémies non transmissibles du monde moderne », déclaré le Pr Jocelyne Just, pneumo-pédiatre et présidente de la Société française d'allergologie (SFA), lors de la présentation du livre blanc en avril dernier.
Leur prévalence a triplé en 30 ans en France et en Europe, à peu près 8 % pour l’asthme chez les enfants, plus de 15 % pour les rhinites. Une personne sur 5 touchées
par une allergie respiratoire souffre d’une forme sévère de la maladie. « Il ne s'agit plus d'un rhume des foins lié aux graminées… on voit de plus en plus de rhinites, d'asthmes, lors des pics de pollinisation, mais aussi une conjugaison avec les allergies alimentaires inédites avant », ajoute le Pr Just.
Le livre blanc dresse un plan d’actions pour 5 ans (2017-2020). Il demande une labelliser des allergies respiratoires « Grande cause nationale » et qu’une réflexion collective soit engagée afin de déterminer l’impact du changement environnemental sur la complexification des allergies respiratoires. Il insiste sur la formation initiale et continue des professionnels de santé. « Deux heures pour traiter de la rhinite, des allergies respiratoires, de l'eczéma, et de l'asthme sont bien insuffisantes », déclare le Pr Just. Seulement 1 200 professionnels exercent l'allergologie en France, pour plus de 10 millions de patients allergiques. « Pour 2017, nous avons 30 internes en allergologie, c'est ridicule », estime-t-elle, réclamant une mise en adéquation de l'offre médicale avec les besoins de santé publique. Les allergologues souhaitent aussi mieux structurer le parcours de soins, avec un premier diagnostic posé par le généraliste et la pédiatre qui peuvent réorienter les patients vers les allergologues pour un diagnostic spécifique complet et approfondi afin d’optimiser la prise en charge. Malgré la reconnaissance de la spécialité universitaire en décembre 2016, le livre blanc déplore l’absence de service hospitalier d'allergologie générale en France et plaide pour la création de centres experts, dédiés à l'asthme et aux allergies sévères.
Arsenal thérapeutique et recherche
Le livre blanc réclame une prise en charge « optimale » des traitements d'immunothérapie allergénique (ou de désensibilisation), et notamment des allergènes préparés spécialement pour un seul individu (APSI). « Ils sont les seuls à pouvoir modifier l'histoire de la maladie, à pouvoir enrayer la marche de la forme modérée à sévère, et à avoir un effet rémanent qui permet aux patients, après trois ans, de s'en passer », explique le Pr Just. Leur taux de remboursement est menacé, au motif qu'ils n'apportent pas d'amélioration du service rendu par rapport aux traitements symptomatiques (antihistaminiques). Le livre blanc appelle à accélérer la recherche, sur les biothérapies, l'éducation thérapeutique, mais aussi sur les facteurs environnementaux, et les allergènes qui ne cessent d'évoluer.
* Société française d’allergologie (SFA), Syndicat français des allergologues (SYFAL), la Fédération française d'allergologie (FFAL), l'Association nationale de formation continue (ANAFORCAL), l'Association Asthme et Allergies et l'Association française pour la prévention des allergies (AFPRAL).
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