C’est en 2008 qu’a été mise en place l’accréditation en anesthésie-réanimation, aujourd’hui placée sous la responsabilité de la Haute autorité de santé. « À l’époque, on était en plein débat autour de l’assurabilité des spécialités à risque. Certains médecins n’arrivaient plus à s’assurer. Les assureurs ont alors invité les spécialités concernées à s’engager dans une démarche de gestion des risques », relate le Dr Jean-Marc Dumeix (Montceau-les-Mines), secrétaire général du Collège français des anesthésistes-réanimateurs.
Pendant près de dix ans, l’accréditation s’est faite dans le cadre d’une démarche individuelle. « Pour obtenir obtenir son accréditation, valable pour une durée de quatre ans, l’anesthésiste-réanimateur doit d’abord déclarer chaque année un événement indésirable en en précisant les causes, ce qui a été fait sur le moment, les obstacles survenus et ce qu’il aurait fallu faire pour que cet incident ne se produise pas, explique le spécialiste. Il doit aussi participer à des revues de morbimortalité et apporter la preuve de son engagement dans une démarche de formation médicale continue, et s’engager dans le respect de recommandations édictées par la spécialité. Jusque-là, nous avions deux grandes recommandations : avoir un protocole d’antibioprophylaxie et respecter la check-list. Depuis 2018, les recommandations se sont élargies, notamment à la prévention d’erreurs médicamenteuses ou du retard transfusionnel. »
L’approche collective
En 2018, le Collège, agréé comme organisme d’accréditation pour la spécialité, a décidé d’enrichir l’accréditation de la possibilité d’une accréditation en équipe. « Dans bien des cas, la survenue d’un événement indésirable n’est pas liée à un acte isolé, mais est le fruit d’erreurs collectives ou d’une mauvaise communication au sein de l’équipe. Il nous semble donc plus cohérent que ce travail d’analyse et de déclaration des événements se fasse au niveau de l’équipe. L’approche collective est également plus adaptée pour les revues de morbimortalité. Et, si on veut améliorer les pratiques, c’est au niveau de l’équipe qu’il faut mettre en place des mesures correctrices », argumente le Dr Dumeix.
Montée en puissance
À ce jour, une vingtaine d’équipes d’anesthésie-réanimation se sont engagées dans une démarche collective d’accréditation. « Cela représente environ 160 médecins. C’est encore peu par rapport aux 1 500 anesthésistes-réanimateurs exerçant en France, mais c’est un processus qui va monter en puissance, espère le Dr Dumeix, qui précise qu’en 2019 le Collège souhaite aussi promouvoir une accréditation multidisciplinaire. Nous avons mené une expérimentation prometteuse avec des collègues gastroentérologues. C’est intéressant, car en anesthésie-réanimation on travaille forcément avec d’autres spécialités, et c’est très instructif de réfléchir ensemble à ce problème de gestion des risques. »
À ce jour, une vingtaine d’équipes d’anesthésie-réanimation se sont engagées dans une démarche collective d’accréditation
Entretien avec le Dr Jean-Marc Dumeix, secrétaire général du Collège français des anesthésistes-réanimateurs.
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