Les réticences vis-à-vis des bicarbonates réduisaient leur utilisation, hormis dans les acidoses par pertes de bicarbonates, ce qui pouvait constituer une perte de chance pour le patient. Nous avons donc voulu préciser la place des bicarbonates, et essayer de conclure sur l’existence ou non d’un bénéfice ainsi que sur de potentiels effets délétères.
L’étude a été réalisée en ouvert, car il n’était pas possible de la réaliser en double aveugle, les médecins connaissant les données du suivi du pH des patients. C’est une étude pragmatique, répondant à une question qui se pose tous les jours en réanimation. Aussi avons-nous choisi d’inclure les patients sur des critères simples, sans stratification en fonction des étiologies. C’est aussi pour cette raison que nous avons défini un protocole pragmatique et facilement applicable, sans l’adapter à un calcul du déficit basique pour rester au plus près de la réalité du terrain.
Chez ces malades très sévères (mortalité de 50 à 60 %), les résultats sont globalement positifs. L’étude montre clairement qu’il n’y a pas d’effet délétère des bicarbonates. On ne constate pas d’hypokaliémie, ni d’hypernatrémie avec risque d’œdème aigu du poumon, ni d’hypercapnie, et les légères anomalies biologiques relevées n’ont aucune traduction sur le plan clinique. L’impact est net sur le recours à la dialyse, qui est évité chez un certain nombre de patients. On en connaît les conséquences sur la réduction de la mortalité à long terme, et le bénéfice sur le plan médico-économique en est très probable.
Surtout, nous avons un signal très fort en ce qui concerne la baisse de la mortalité, même s’il a manqué 50 patients pour la mettre clairement en évidence. L’étude Bicar-ICU montre aussi une baisse de la mortalité chez les patients en insuffisance rénale aiguë (IRA), mais il s’agit d’un critère de jugement secondaire, même si le sous-groupe était défini a priori.
Nous avons donc demandé un PHRC national pour une seconde étude menée chez 1 000 patients en acidémie avec IRA afin de mettre clairement en évidence la baisse de la mortalité fortement suggérée par ce travail.
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