Qualifiés d’« amélioration sans précédent », l’annonce des résultats de l’essai E3805 dans le cancer de la prostate métastasé constitue l’un des moments forts du congrès de l’American Society of Oncology (ASCO) qui se tient actuellement à Chicago. « C’est la plus grande amélioration de survie que nous voyons au cours d’un essai ayant inclus des patients avec une tumeur solide métastasée » a commenté Christopher Sweeney du DanaFarber Cancer Institute, lors de la conférence de presse préliminaire. L’essai promu par le National Institute of Health (NIH) et le National Cancer Institute montre l’intérêt d’une chimiothérapie associée à l’hormonothérapie dans les formes très avancées de cancer prostatique.
Débuté en juillet 2006, l’essai a inclus 790 patients âgés de 18 ans ou plus, présentant un cancer de la prostate répondant aux critères suivants :
- forme métastasée : métastases viscérales et métastases osseuses (au moins 4 métas osseuses, ou 1 méta osseuse localisée en dehors du rachis ou du pelvis) ;
- traités par hormonothérapie ( LHRH ou castration chirurgicale) depuis moins de 120 jours ;
- sans augmentation du taux de PSA entre l’hormonothérapie et le début de l’inclusion dans ce protocole.
Ont été exclus notamment les patients présentant des neuropathie périphérique, une pathologie cardiaque, active, une clairance de la créatinine inférieure à 30 ml/mn.
Les patients ont été randomisés en deux groupes afin de recevoir soit l’hormonothérapie seule, soit l’hormonothérapie associée à une chimiothérapie à base de docétaxel (administré en IV/1 heure tous les 21 jours pour 6 cycles) pour une période de 18 mois, et ont été stratifiés en fonction de la sévérité de la dissémination métastatique.
17mois de plus
L’analyse intermédiaire - après 29 mois de suivi- montre une médiane de survie allongée dans le groupe assigné au double traitement : la médiane de survie est à 57,6 mois dans le groupe docétaxel + hormonothérapie contre 44 mois dans le groupe hormonothérapie seule (HR = 0,61, p = 0,0003). Dans les formes très sévères, la survie totale a été de 49,2 mois versus 32,2 mois soit une différence de 17 mois en faveur de l’association (p = 0,0006). Le docetaxel a également retardé la progression du cancer ; à un an, 22,7 % des patients ayant reçu l’association thérapeutique avaient un taux de PSA ≤ 0,2 ng/ml contre 11,7 % dans le groupe hormonothérapie seule.
En revanche, concernant les formes moins sévères, incluses vers la fin de l’essai, les données intermédiaires sur la survie médiane ne sont pas disponibles ; elles devraient cependant être moins spectaculaires que celles dans les formes étendues au vu des résultats de l’essai français GETUG, promue par UNICANCER et mené par l’Institut Gustave Roussy.
GETUG 12 est une étude française multicentrique randomisée de phase III qui évalue l’effet de cette chimiothérapie en complément du traitement de référence (radiothérapie et hormonothérapie) chez des patients atteints d’un cancer de la prostate localement avancé ou à haut risque de rechute. Selon le Pr Karim Fizazi, chef du département de médecine oncologique de Gustave Roussy, les résultats sont ici moins probants que dans les formes très avancées.
L’ensemble de ces résultats pourrait amener les cancérologues à repenser les recommandations dans le cancer de la prostate. D’aucuns admettent avoir déjà proposé une chimiothérapie dans les formes très avancées, chez des patients « en bout de course ». Cela pose aussi la question de la promotion des essais avec des produits génériqués dont les nouvelles indications profiteront plus aux génériqueurs qu’aux découvreurs.
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