« La décision en cancérologie constitue un moment crucial et doit, au-delà de l’évaluation bénéfice/risque, prendre de plus en plus en compte l’évaluation du coût par rapport au bénéfice », a expliqué le Pr Véronique Trillet Lenoir, cancérologue et présidente des RCFr lors des 9es Rencontres de la cancérologie française (RCFr) qui, pendant deux jours, vont rassembler à Paris plus de 120 intervenants.
La médecine génomique en est un parfait exemple. Capable de réaliser un portrait moléculaire afin de mieux caractériser la tumeur, elle se heurte à un « hiatus entre l’accélération des découvertes scientifiques et leur mise à disposition dans la prise en charge des patients », explique le Pr Jean-Charles Soria, chef de service à l’Institut Gustave-Roussy. Il n’existe pas en France de remboursement pour les biomarqueurs. « L’enjeu est crucial car le coût lié à la réalisation d’un portrait moléculaire est aujourd’hui ridicule (de 600 à 6 000 euros) alors qu’il s’agit d’une solution médicale clé pour rationaliser l’accès aux thérapies moléculaires ciblées. »
Un médecin généraliste trop souvent ignoré
Si l’accès à l'innovation est au cœur des débats, le médecin généraliste, lui, reste un des acteurs principaux de cette décision partagée entre politiques, patients et professionnels de santé. Selon le Dr Jean Godard, vice-président du Collège de la médecine générale, « la décision partagée est dans la culture du médecin généraliste ». Cependant, « il est un acteur de santé publique et du service public souvent ignoré ».
En termes d’aide à la décision et au diagnostic, une expérience inattendue a été menée par l’Institut Curie (Paris). Deux chiens sont actuellement entraînés à détecter, grâce à leurs capacités olfactives, la présence d'un cancer du sein chez les patientes. Les chiens sont formés à reconnaître les molécules olfactives provenant de deux types de compresses, appliquées sur la poitrine de patientes ou directement sur des tumeurs. Les résultats de cette expérience originale restent néanmoins à démontrer. Ainsi, en attendant de pouvoir éventuellement se fier au flair de chiens surentraînés, la décision thérapeutique reste aux mains de multiples acteurs, dont le médecin généraliste est un élément essentiel à revaloriser.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024