Selon l’essai de phase 3 CheckMate 8HW, un traitement associant deux immunothérapies, le nivolumab (anti-PD1) et l’ipilimumab (anti-CTLA-4), utilisé en première intention, réduit significativement la survie sans progression des patients atteints de cancer colorectal métastatique avec MSI-H ou dMMR. Les résultats de cet essai international mené par les équipes du service d’oncologie médicale de l’hôpital Saint-Antoine de Paris (AP-HP) et de Sorbonne Université, en collaboration avec des investigateurs de 23 pays, sont parus dans le New England Journal of Medicine.
« Les défauts de réparation de l'ADN (tels que MSI-H et dMMR) sont rapportés dans environ 4 à 7 % des cas de cancer colorectal métastatique », indiquent les auteurs. « Les patients atteints d'un cancer colorectal métastatique MSI-H ou dMMR obtiennent généralement de mauvais résultats lorsqu'ils sont traités par une chimiothérapie standard avec ou sans thérapie ciblée. »
L’étude KEYNOTE-177 a déjà montré l’intérêt de l’immunothérapie anti-PD1 pembrolizumab en première intention et en monothérapie par rapport à la chimiothérapie en termes de survie sans progression chez ces patients. Le pembrolizumab dispose d’une autorisation de mise sur le marché dans cette indication depuis 2021.
Dans cet essai ouvert de phase 3, quelque 303 patients atteints d'un cancer colorectal non résécable ou métastatique et n’ayant pas encore reçu de traitement systémique ont été inclus entre août 2019 et avril 2023 et randomisés : 202 ont reçu la double immunothérapie et 101 la chimiothérapie avec ou sans thérapie ciblée (au choix de l’investigateur) ; 85 % des patients du groupe immunothérapie et 83 % de ceux du groupe chimiothérapie présentaient un statut MSI-H ou dMMR confirmé. La durée médiane de suivi était de 31,5 mois.
Des résultats comparant la double immunothérapie au nivolumab seul attendus
Parmi les patients dont le statut MSI-H ou dMMR a été confirmé, la survie sans progression à 12 mois était de 79 % avec la double immunothérapie et de 21 % avec la chimiothérapie. À 24 mois, la survie sans progression était de 72 % et de 14 %, respectivement. Les différences entre les deux groupes étaient significatives.
Le bénéfice de l'association nivolumab + ipilimumab était constant dans tous les sous-groupes, notamment chez les patients présentant des mutations RAS ou BRAF et des métastases hépatiques, pulmonaires ou péritonéales à l’inclusion.
Par ailleurs, le bénéfice sur la qualité de vie était plus important avec la double immunothérapie qu’avec la chimiothérapie.
Des effets indésirables de grade 3 ou 4 liés au traitement ont été rapportés chez 23 % des patients du groupe immunothérapie et chez 48 % de ceux du groupe chimiothérapie.
« Les résultats de survie sans progression sont cohérents avec les données de l'étude non randomisée CheckMate 142, et ils soutiennent l'utilisation de nivolumab + ipilimumab dans le cancer colorectal métastatique MSI-H ou dMMR », soulignent les auteurs.
L’essai CheckMate 8HW est toujours en cours et dispose d’un troisième bras de traitement incluant des patients recevant uniquement du nivolumab. De nouveaux résultats comparant l'association nivolumab + ipilimumab à la monothérapie par le nivolumab « seront présentés par le Pr Thierry André au prochain congrès de l’ASCO-GI, qui se tiendra du 23 au 25 janvier 2025 à San Francisco », lit-on dans un communiqué de l’AP-HP.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024