Chez les femmes jeunes, la chimiothérapie administrée dans le cancer du sein présente de gros enjeux pour la fertilité future et ces risques peuvent peser lourd dans le choix du traitement.
Une étude internationale publiée dans le « New England Journal of Medicine » relance une voie thérapeutique pour se prémunir de l’insuffisance ovarienne secondaire à la chimiothérapie dans les cancers du sein non hormono-dépendants : les agonistes de la LH-RH. La mise au repos forcé des ovaires, en bloquant leur cycle naturel, semble les rendre moins vulnérables aux potentiels effets toxiques de la chimiothérapie.
La survenue d’une ménopause dans les 2 ans
L’objectif principal visé est de préserver la fertilité mais aussi de prévenir la ménopause précoce, particulièrement brutale et intense dans ces circonstances et qui expose à un risque majoré d’ostéoporose. Dans cet essai randomisé, l’administration de goséréline (Zolvadex) en association à la chimiothérapie s’est traduite par moins de ménopause précoce à 2 ans et davantage de grossesses par rapport à la chimiothérapie seule.
L’étude POEMS (acronyme anglais pour « Prevention of Early Menopause Study ») a testé l’effet de la goséréline chez 257 femmes âgées de 18 à 49 ans non ménopausées et ayant un cancer du sein négatif aux récepteurs aux œstrogènes et à la progestérone. L’agoniste de la LH-RH était administré au rythme d’une injection toutes les 4 semaines pendant la chimiothérapie.
Parmi les 135 patientes ayant des données complètes à 2 ans, la ménopause précoce, définie dans l’étude par une aménorrhée depuis 6 mois et un taux élevé de FSH, était moins fréquente dans le groupe goséréline à 8 % par rapport au groupe chimiothérapie seule avec 22 %. Parmi les 218 femmes ayant pu être évaluées, la fertilité était meilleure dans le groupe goséréline par rapport au groupe chimiothérapie seule, avec un taux de grossesses respectivement de 21 % et 11 %. De plus, la survie sans récidive et la survie globale étaient meilleures dans le groupe goséréline.
Plus accessible que la cryopréservation d’embryon
Même si l’essai POEMS apporte les preuves les plus fortes jusqu’à présent, les auteurs soulignent eux-mêmes que l’interprétation de leurs résultats est un peu compliquée, compte tenu des données manquantes. Néanmoins, l’ensemble des données renforce l’idée que la coadministration d’agoniste de la LH-RH préserve la fonction ovarienne.
Concernant la fertilité, c’est une technique plus large et plus accessible que la cryopréservation d’embryon et qui peut être envisagée en association à d’autres techniques de préservation de la fertilité. Autre point d’intérêt, alors qu’une publication récente a mis en évidence une efficacité des agonistes de LH-RH dans les cancers positifs aux récepteurs aux œstrogènes, le rôle thérapeutique potentiel dans les cancers non hormonodépendants mériterait d’être évalué dans un essai randomisé à son tour.
The New England Journal of Medicine, publié en ligne le 4 mars 2015
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