« Certains cancers dépendent plus directement que d’autres du critère nutritionnel, à l’image de ceux des voies digestives comme le colon ou le rectum. Dans ces cas-là, la part de l’alimentation est chiffrée aux alentours de 18 %. Dans un cancer qui est très lié à l’obésité, comme le cancer de l’endomètre chez la femme, la part de l’alimentation est estimée à 49 % », évoque la Pr Monique Romon, présidente de la Société française de nutrition (SFN). Mais qu’il s’agisse de maladies cardiovasculaires, d’ostéoporoses, de diabète de type 2 ou de cancer, le constat est le même : bien que le volet nutrition ne soit évidemment pas le seul déterminant de ces pathologies, c’est en même temps l’un des éléments de base sur lequel il est possible d’agir efficacement à niveau individuel et collectif. Depuis plus de 40 ans, un vaste corpus de recherche a permis d’identifier et de préciser le rôle de certains critères nutritionnels susceptibles d’intervenir en tant que facteur de risque ou de protection dans le développement d’un cancer.
Pour faire le tri parmi ces travaux, le dernier rapport en date de 2007 du World cancer research fund (WCRF) et de l’American institute for cancer research (AICR) reste la référence en la matière, en établissant des niveaux de preuve reconnus entre la nutrition et le risque de cancer. À ce jour, les facteurs nutritionnels à risques les plus « convaincants » et « probables » sont connus : « il s’agit des boissons alcoolisées, du surpoids et de l’obésité, des viandes rouges et charcuteries, du sel et des aliments salés, ainsi que des compléments à base de bêtacarotène », résume la Pr Romon. Comme le soulignent par ailleurs les recommandations de l’Institut national du cancer (INCa) et du réseau national alimentation cancer recherche (NACRE), s’il convient d’encourager les patients à limiter la prise de certains aliments à risque, il n’est pas non plus question d’en interdire la consommation.
Combattre les formules marketing
En matière de prévention nutritionnelle, le médecin est là pour encourager les comportements, modes de vie, habitudes alimentaires favorables à la réduction du risque de cancer. Mais alors que fleurissent dans les librairies et sur internet de nombreux ouvrages et contenus vantant les mérites de recettes ou d’aliments dits « anticancers », l’une des tâches récurrentes d’éducation nutritionnelle va être pour le professionnel de remettre dans leur contexte les interrogations des patients qui reposent souvent ici sur des idées parasitées par les formules marketing de ces références grand public. En consultation, les généralistes n’ont certes pas beaucoup de temps pour cela, mais leur intervention est pourtant déterminante. « Il ne s’agit pas de renvoyer le patient vers de la documentation mais bien de travailler avec lui sur sa motivation, en évaluant où il en est sur le plan nutritionnel et en identifiant ses besoins en termes de conseils. En consultation, l’entretien motivationnel est d’abord là pour lui donner envie de changer. Si vous ne faites que le renvoyer vers le site manger-bouger, il n’y aura aucun résultat », insiste la présidente de la Société française de nutrition.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024