Les interactions entre obésité et réponse aux traitements anticancéreux sont discutées, et l’activité de l’immunothérapie a été mise en doute chez les obèses sur la base de données précliniques. Mais les résultats restent non concluants. Du coup, il reste difficile de choisir en première ligne dans le cancer du poumon entre chimiothérapie et immunothérapie chez les patients en surpoids. Une étude japonaise vient éclairer le débat (1). Dans cette étude, l’indice de masse corporelle joue en effet sur l’efficacité de l’immunothérapie. Et, globalement, dès un IMC de 28 kg/m² l’immunothérapie ne fait pas mieux que la chimiothérapie dans les CPNPC avancés.
Le paradoxe de l’obésité : surpoids et obésité majorent la survie
Les sujets ayant un cancer qui sont obèses sont considérés comme ayant un moins bon pronostic. Pourtant, certaines données observationnelles suggèrent que, paradoxalement, sous chimiothérapie les obèses ont un meilleur pronostic que les patients de poids normal. Qu’en est-il en réalité ?
Dans cette série japonaise rétrospective de cancers du poumon non à petites cellules (CPNPC) avancés, rassemblant plus de 31 000 patients d’âge moyen 70 ans, dont 80 % d’hommes, effectivement, les patients en surpoids (IMC entre 25 et 30 kg/m²) ou obèses (IMC supérieur à 30 kg/m²) ont un meilleur pronostic. Et cela est vrai quel que soit le traitement : chimiothérapie (p < 0,01) ou immunothérapie (p = 0,001).
Meilleure efficacité de l’immunothérapie sauf pour des IMC supérieurs à 28 kg/m²
Globalement dans cette cohorte, l’immunothérapie (n = 12 800 patients) fait mieux que la chimiothérapie (n = 18 400 patients). À 3 ans de suivi, la mortalité sous immunothérapie est inférieure à celle associée à la seule chimiothérapie (28 vs 36 %).
Mais l’efficacité de l’immunothérapie semble dépendre de l’IMC. Pour les patients ayant un IMC inférieur à 28 kg/m², l’immunothérapie fait mieux que la chimiothérapie. Par exemple, pour un IMC de 24 kg/m² le bénéfice relatif en survie est de 19 % (RR = 0,81 [0,75-0,87]).
En revanche, dès que l’IMC dépasse 28 kg/m² ce bénéfice n’est plus significatif. Les deux options de traitement faisant alors jeu égal. Exemple, pour un IMC de 28 kg/m², le RR est non significatif (RR = 0,90 [0,8-1]).
D’ailleurs, le risque de décès sous immunothérapie en fonction de l’IMC suit une courbe en U. Ce risque de décès décroît entre les IMC de 15 (sous-poids) et de 24 kg/m². Alors que, passé un IMC de 25 kg/m², le risque de décès sous immunothérapie croit.
Résultat, dès que le patient est en surpoids, l’immunothérapie n’est plus associée à un bénéfice face à la chimiothérapie.
Pour les auteurs, « ces résultats, quoique limités à une population japonaise, suggèrent que l’immunothérapie n’est pas nécessairement le meilleur choix en première ligne lors de surpoids. Chez les patients en surpoids ou obèses on peut préférer la chimiothérapie ».
(1) Y Ihara et al. Immunotherapy and Overall Survival Among Patients With Advanced Non–Small Cell Lung Cancer and Obesity. JAMA Network Open. 2024;7(8):e2425363.doi:10.1001/jamanetworkopen.2024.25363
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024