De nouveaux résultats positifs repositionnent le tamoxifène en prévention du cancer du sein

Publié le 11/12/2014
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Le tamoxifène sera-t-il un jour indiqué en prévention du cancer du sein en France, comme c’est déjà le cas au Royaume-Uni et aux États-Unis ? Les résultats à long terme de l’étude IBIS-I (International Breast Cancer Intervention Study) présentés au San Antonio Breast Cancer Symposium et publiés dans le « Lancet Oncology » apportent des arguments supplémentaires en faveur de l’administration de médicaments anti-tumoraux en prévention chez les femmes à risque élevé de cancer du sein. Au cours d’un suivi de plus de 20 ans après un traitement initial de 5 ans, l’anti-œstrogène administré à la dose de 20 mg/jour a réduit de près d’un tiers le risque de cancer du sein, chez des femmes ménopausées ou non ayant un antécédent familial.

Un cancer évité pour 22 femmes traitées

Sur les 7 154 femmes âgées de 35-70 ans incluses au total, 251 du groupe tamoxifène ont présenté un cancer du sein par rapport à 350 dans le groupe témoin, ce qui correspond à une réduction de 29 %. Les tumeurs positives pour les récepteurs à œstrogène, qui comptent pour les 2/3 des cancers, ont été diminuées de 35 %. À 20 ans, le risque de cancer du sein était estimé à 8 % dans le groupe tamoxifène et à 12 % dans le groupe placebo. Autrement dit, il faut traiter 22 femmes pour éviter un cas de cancer du sein au cours des 20 années suivantes.

Pour autant, ces résultats ne balaient pas totalement les réserves émises quant à son utilisation chez des femmes en bonne santé. Le cancer de l’endomètre, l’un des effets secondaires graves du tamoxifène, était 3,8 fois plus fréquent dans le groupe tamoxifène (15 tamoxifène versus 4 placebo) au cours des 5 années de traitement, mais sans différence significative ultérieure. Au final, les auteurs rapportent 9 cas supplémentaires dans le bras tamoxifène (29 tamoxifène versus 20 placebo).

Le créneau des femmes non ménopausées

Si le nombre de cancers du sein a diminué, l’étude n’a pas mis en évidence de baisse de la mortalité spécifique (31 tamoxifène versus 26 placebo). De plus, cinq femmes traitées par tamoxifène sont décédées d’un cancer de l’endomètre par rapport à aucune des témoins. La mortalité globale est restée comparable dans les 2 groupes.

Pour le Pr Jack Cuzick, du Queen Mary University of London, où a été dirigée l’étude IBIS-I : « Malgré une réduction nette et continue du pourcentage de cancer du sein, cela ne s’est pas traduit par une réduction de la mortalité par cancer du sein. Néanmoins, le nombre de décès reste faible par rapport au nombre de cas de cancers du sein, qui est 10 fois plus élevé. Il nous faut continuer à suivre ces femmes une décennie supplémentaire pour avoir une idée plus claire de l’impact du tamoxifène sur la mortalité. »

Ces données à long terme d’IBIS-I arrivent un an après la communication des premiers résultats d’IBIS-II, qui a testé un inhibiteur d’aromatase, l’anastrozole, en prévention chez des femmes ménopausées. Après un traitement de 5 ans, le risque de cancer du sein était diminué de 53 % dans le groupe anastrozole. Le Pr Cuzick a conclu en résumant : « Pour les femmes ménopausées, nous pensons qu’un autre type de molécule – un inhibiteur d’aromatase, comme l’anastrozole – devrait être le médicament de choix (...). Cependant, pour les femmes non ménopausées à risque élevé, le tamoxifène est la seule option pour la prévention du cancer du sein et c’est une bonne option, comme le prouvent ces nouvelles données. »

The Lancet Oncology, publié en ligne le 11 décembre 2014

Dr I. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr