Hypertrophie bénigne de la prostate

Des nouveautés dans la prise en charge

Publié le 02/10/2012
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AVEC L’ÂGE, la prostate menace de contrarier une grande partie de la gente masculine. Les chiffres parlent : au-delà de 50 ans, un homme sur deux a une prostate de volume supérieur au volume normal. Au-delà de 70 ans, plus d’un homme sur quatre a une prostate d’un volume supérieur à deux fois le volume normal.

« Il est vrai que toutes les HBP ne sont pas symptomatiques mais par peur, par pudeur ou par crainte pour leur sexualité beaucoup de patients ne signalent pas spontanément leurs troubles urinaires »,confie un médecin généraliste participant à la réunion. C’est pour eux le lot des années qui passent ! « Pourtant cette pathologie bénigne ne doit pas faire oublier les complications possibles liées à l’obstruction sous vésicale générée par l’hypertrophie glandulaire », précise le Pr François Desgrandchamps. Parmi elles, une rétention vésicale complète, une rétention vésicale chronique avec infection urinaire, un retentissement sur le haut appareil avec insuffisance rénale, des calculs vésicaux dont la formation est attribuée à la stase urinaire ou aux infections urinaires récidivantes. Une hématurie d’origine prostatique est possible et expliquée par la dilatation et la fragilisation des veines de la région cervico-prostatique. Il est donc important de dépister tôt les troubles urinaires de cette affection qui sont de deux types : irritatifs (pollakiurie, impériosité mictionnelle) et/ou obstructifs (dysurie, faiblesse du jet, gouttes retardataires).

Ces symptômes doivent également être également recherchés chez les patients atteints d’un syndrome métabolique. « Le syndrome métabolique augmente le risque d’HBP »,précise ce spécialiste, « le tissu adipeux stimule la croissance de la prostate avec deux de ses constituants : la leptine qui réduit le taux de testostérone et une aromatase qui augmente la transformation de testostérone en estradiol. Si on fait maigrir ces patients, les symptômes urinaires s’atténuent. D’une façon plus générale marcher 2 à 3 heures par semaine diminue par deux le risque d’adénome de la prostate ».

Des lésions vésicales irréversibles.

Dans les recommandations thérapeutiques actuelles, aucun traitement n’est nécessaire chez les patients s’ils ne sont pas gênés par leurs troubles urinaires. On traite si le patient le souhaite.

Trois classes de médicaments, les alpha-bloquants, les inhibiteurs de la 5-alpha réductase et la phytothérapie sont indiqués en première intention. Des associations médicamenteuses sont possibles mais toutes ne sont pas validées par les AMM. Si le patient n’est pas suffisamment amélioré ou s’il résiste au traitement médical, une intervention chirurgicale est proposée, celle-ci étant réalisée d’emblée en cas de complications.

L’attitude classique est donc de dire que l’obstacle prostatique est la cause des symptômes, il faut d’abord le traiter médicalement et si cela ne suffit pas, il faut intervenir pour le retirer.

À cette logique s’oppose actuellement un nouveau courant de pensée. « L’obstruction chronique créée par la prostate entraîne des dégâts vésicaux irréversibles qui persistent après l’intervention,explique cet urologue, les vessies deviennent hypersensibles du fait de modifications de l’innervation, l’influx nerveux se propage difficilement et la force de la contraction vésicale diminue en raison d’infiltration de collagène entre les muscles. Ce n’est donc pas anodin d’opérer au bout de dix ans. »

Mais à ce débat se heurte la peur des répercussions sexuelle du traitement chirurgical. Certes toutes les interventions chirurgicales entraînent une éjaculation rétrograde mais elles ne retentissent pas sur la libido. Ce n’est pas le cas de tous les médicaments !

(1) Chef du service d’urologie de l’hôpital Saint-Louis, Paris

Réunion réalisée avec le soutien institutionnel des Laboratoires Abbott

 Dr MARIE-LAURE DIEGO-BOISSONNET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9167