Selon une nouvelle étude publiée dans « The American Journal of Pathology », le tamoxifène, médicament bien connu dans le cancer du sein, apporte une amélioration clinique dans le modèle murin de la dystrophie de Duchenne : administré par voie orale pendant plus d’un an à des souris mdx5Cv, le tamoxifène « provoque une amélioration remarquable de la force musculaire et de la structure du diaphragme et du cœur », indique le principal auteur de ce travail, Olivier Dorchies (Universités de Genève et de Lausanne). Par exemple, dans le cœur, le niveau de la fibrose a été diminué d’environ 50 %. Dans le diaphragme, le tamoxifène réduit la fibrose et augmente l’épaisseur, le nombre et le diamètre des fibres musculaires. Ce qui a pour effet d’augmenter de 72 % le tissu contractile disponible pour les mouvements respiratoires.
Test du fil de fer
Les souris mdx ont été soumises à un test du fil de fer horizontal. Elles ont, dans un premier temps, été autorisées à s’agripper par les 4 pattes, dos vers le bas, à un fil de fer tendu au-dessus d’un sol souple pouvant amortir leur chute. Ensuite, elles ont essayé de se tracter sur le fil à l’aide des 4 pattes jusqu’à ce qu’elles lâchent prise de leurs pattes arrière et se maintiennent uniquement à l’aide de leurs pattes avant. À partir de cette position, les souris non traitées n’ont tenu que quelques secondes avant de lâcher prise et, donc, de tomber. À l’inverse, les souris traitées par tamoxifène se sont maintenues beaucoup plus longtemps. Au total, pendant plus d’un an, les mâles mdx ont eu une augmentation d’un facteur 2 à 3 de leur force musculaire.
Récepteurs estrogéniques
Comment le tamoxifène a-t-il pu agir sur ces modèles murins de dystrophie de Duchenne ? L’activité plasmatique de la CPK était au départ trois plus élevée chez les souris mdx que chez les souris saines. Le traitement par tamoxifène a normalisé les taux de CPK chez les souris dystrophiques. Les auteurs suggèrent que cet effet est médié par un mécanisme dépendant des récepteurs aux estrogènes (ER). L’étude a également montré que les muscles des souris dystrophiques sont riches en ER alpha et bêta et que le tamoxifène élève les taux des ER bêta2. De plus, une élévation de calcineurine et d’autres protéines de structure suggèrent un effet protecteur du tamoxifène sur les muscles dystrophiques.
On avait déjà observé des effets positifs du tamoxifène sur les muscles de souris non dystrophiques. Ici, chez les souris dystrophiques, les effets bénéfiques sont observés pour des doses beaucoup plus basses de tamoxifène ; ce qui suggère que des doses inférieures à celles utilisées pour le traitement du cancer du sein pourraient être efficaces dans la dystrophie.
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