Depuis des années, les études se sont multipliées pour démontrer les bénéfices et la sécurité d’emploi du pancréas artificiel. Le concept : un système de boucle fermée, où une pompe délivre directement l'insuline (éventuellement associée à du glucagon dans les pompes bi-hormonales) grâce aux calculs faits par un algorithme connecté à un capteur de glycémie en continu. Ce système fonctionne de façon automatisée jour et nuit, le patient devant toutefois renseigner la composition de ses repas et les activités physiques pour que l’algorithme permette de délivrer les doses adéquates d’insuline. Plusieurs « pancréas artificiels » sont en développement, tel que celui proposé par Medtronic et qui est déjà commercialisé aux États-Unis depuis 2017, ou celui de Diabeloop, une start-up française dont le système a obtenu en novembre dernier le marquage CE, ouvrant la voie à sa commercialisation.
Au fur et à mesure de leur développement, ces boucles fermées initialement évaluées en milieu hospitalier dans des conditions très strictes ont pu démontrer leur efficacité sur les hyper- et sur les hypoglycémies dans des conditions plus proches de la vie réelle, avec adaptation aux repas et à l’activité physique, ainsi que chez des patients aux profils plus variés (adolescents, femmes enceintes…).
Des résultats intéressants encore à valider
La majorité des études avaient toutefois été menées chez des patients très sélectionnés, et il était de ce fait difficile d’extrapoler leurs résultats à une population plus générale de diabétiques de type 1. Les résultats d’un essai randomisé contrôlé publié il y a quelques semaines changent la donne, puisque les conditions de cette étude étaient très proches de la vie réelle et que le système a été testé la nuit et le jour sur une période prolongée, de 3 mois. Dans ce travail anglo-saxon qui a inclus 86 patients âgés de plus de 6 ans, le système de boucle fermée (pompe et capteur de Medtronic, n = 46), a été comparé à une pompe à insuline seule (n = 40). Un quart des patients étaient âgés de 6 à 12 ans, un autre quart de 13 à 21 ans, 37 % de 22 à 39 ans et 14 % de plus de 40 ans. Les patients, dont le diabète évoluait depuis 11 ans en moyenne, étaient autorisés à manger la nourriture de leur choix et à pratiquer tout type de sport d'extérieur et d'intérieur.
Les résultats confirment le meilleur équilibre glycémique (cible glycémique, HbA1c) et la diminution du risque d'hypoglycémies avec le pancréas artificiel.
Il s’agit d’une avancée importante, en particulier chez l’enfant chez lequel les données disponibles concernaient jusqu’alors la boucle fermée la nuit, en milieu protégé (comme un camp de vacances) et sur une période limitée de quelques jours à quelques semaines. Une étude française devrait être prochainement lancée chez des enfants et des pré-adolescents âgés de 6 à 13 ans qui seront suivis pendant 9 mois.
Les recherches se poursuivent, les systèmes peuvent encore être améliorés, notamment pour mieux gérer l’annonce des repas et l’activité physique. Sur un plan plus technique, des progrès viendront aussi d’une plus grande miniaturisation et d’une meilleure autonomie énergétique.
Mais l’arrivée des premiers systèmes en France est très proche. Ils pourraient concerner d’abord les 50 000 à 60 000 diabétiques porteurs d’une pompe à insuline.
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