Une étude coordonnée par le Centre International de recherche sur le cancer (CIRC) montre que l’exposition prolongée à de faibles doses de rayonnements ionisants augmente le risque de décès par cancers solides. Ces résultats, publiés dans le « British Medical Journal », montrent une relation linéaire et précisent les risques.
« Cette étude démontre une association significative entre une dose croissante de rayonnements et le risque de tous les cancers solides. Peu importe que les personnes soient exposées à des doses faibles et prolongées ou à des doses élevées et aiguës, l’association observée entre la dose et le risque de cancer solide est similaire par unité de dose de rayonnements », précise le Dr Ausrele Kesminienne, chercheur au CIRC et co-auteur de l’étude.
Protection des travailleurs du nucléaire
« Ces résultats sont importants non seulement pour la protection des travailleurs du nucléaire mais aussi pour le personnel médical et la population générale, puisque le niveau de dose reçu par les travailleurs du nucléaire sur leur lieu de travail est comparable aux doses reçues par des patients soumis a de multiples examens tomodensitométriques (TDM) ou lors des procédures interventionnelles en radiologie », explique le Dr Isabelle Thierry-Chef, chercheur au CIRC et cosignataire de l’étude. « Ceci souligne l’importance d’assurer un bon équilibre entre les risques et les bénéfices des procédures d’imagerie médicale », poursuit-elle.
Ces nouvelles données renforcent les données scientifiques sur lesquelles sont basées les mesures de radioprotection. Jusqu’ici, les normes en matière de radioprotection restaient principalement basées sur des expositions aiguës à fortes doses, à partir d’études menées sur les survivants aux bombardements atomiques au Japon.
Tous les cancers excepté les leucémies
L’étude INWORKS (pour Internatonial Nuclear Workers Study) a évalué les expositions de plus de 308 000 travailleurs du nucléaire en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis sur une période entre 1943 et 2005. Les travailleurs, pour la plupart des hommes, ayant une durée moyenne d’emploi de 12 ans, ont été suivis pendant 26 ans en moyenne. Ils avaient en moyenne 58 ans à la fin du suivi. Ces données ont été couplées aux registres des décès. Sur 66 632 décès à la fin du suivi, près de 18 000 étaient causés par des cancers solides (tous les cancers excepté les leucémies).
La mortalité augmente de 5 % par 100 mGy
Les résultats montrent que le risque de décès par cancers solides augmente linéairement d’environ 5 % par 100 mGy. Pour l’ensemble de la cohorte, environ 1 % des décès par cancer solide pourrait être attribué à l’exposition aux rayonnements sur le lieu de travail. Pour les membres de la cohorte qui ont reçu une dose de rayonnements d’au moins 5 mGy sur le lieu de travail, il est estimé que 2,4 % des décès par cancer solide pourraient être dus à leur exposition sur le lieu de travail.
« Le suivi de cette cohorte sera important. De nombreuses questions demeurent sur l’impact des rayonnements sur la santé, estime le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC. La surveillance continue de cette cohorte contribuera à mieux comprendre le lien entre cancer et rayonnements. »
Un éditorial du Dr Mark Little (National Cancer Institute aux États-Unis) conclut sur une note rassurante en soulignant que le risque accru de cancer solide est faible sans être nul : « Pour le travailleur moyen, le risque au cours de sa vie de décès par cancer risque d’être accru d’environ 0,1 % à partir d’un risque de base de décès par cancer de 25 %. Toutefois, il est clair aussi que l’excès de risque n’est pas égal à zéro. »
Une récente analyse de l’étude INWORKS avait aussi montré une relation linéaire entre la dose de rayonnements à de faibles doses et le risque de décès par leucémie, notamment par leucémie myéloïde chronique, mais non avec le risque de décès par myélome ou par lymphome multiple.
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