LE CANCER du col utérin, dont on recense environ 3 000 cas par an en France, est le huitième cancer chez la femme. S’il n’est pas très fréquent, il est toutefois responsable d’un millier de décès chaque année. La très grande majorité de ces cancers sont associés à un papillomavirus (HPV) oncogène, les types 16 et 18 étant à eux seuls impliqués dans de 80 à 90 % des cas.
Les bénéfices de la vaccination, préconisée depuis quelques années chez les jeunes filles âgées de 14 ans, avant les premiers rapports sexuels, ne devraient pas se manifester avant une vingtaine d’années, la majorité des cancers traités actuellement survenant chez des femmes de plus de 45 ans.
L’objectif d’une couverture vaccinale de 70 %, sur la base d’une protection individuelle de 70 %, devrait permettre une diminution de moitié des cancers du col. Mais un certain nombre d’interrogations demeurent. Notamment, l’une des craintes est que la population vaccinée ne soit finalement la même que la population suivie régulièrement par frottis : les femmes à risque, celles non surveillées actuellement, seraient également celles non vaccinées. L’observance à la vaccination ne paraît pas optimale, un nombre non négligeable de jeunes filles ne faisant que deux, voire une seule injection au lieu des trois préconisées. Par ailleurs, la durée de l’immunité conférée par le vaccin à long terme reste mal connue.
Enfin, le vaccin, s’il réduit le risque de cancer du col, ne permet pas de s’affranchir de la pratique de frottis réguliers.
Non-fumeurs.
Un des arguments majeurs en faveur de l’extension de la vaccination à la population masculine vient de données colligées aux États-Unis et en Suède, qui soulignent la forte augmentation des autres cancers liés au HPV, en particulier au niveau de l’amygdale et de la base de la langue chez les non-fumeurs. « Il s’agit d’une autre maladie que le cancer du fumeur », précise le Pr Éric Deutsch ; notamment, le pronostic est bien meilleur, y compris dans les stades T3. Les données épidémiologiques manquent en France, mais une étude suédoise ayant recherché la présence de HPV dans les blocs tumoraux sur plusieurs décennies fait état d’un doublement tous les dix ans du nombre de cancers de l’amygdale liés au HPV. Désormais, le virus est retrouvé dans de 65 à 70 % des cas, chiffres comparables à ceux rapportés aux États-Unis. Et, selon une étude nord-américaine, dans une population saine, la recherche de HPV sur le produit de gargarisme est positive dans 7 % des cas, avec un premier pic entre 30 et 35 ans et un autre pic vers 60 ans. Dans cette analyse, les femmes porteuses saines sont un peu moins touchées que les hommes, sans que l’on puisse préciser si cela découle d’un effet de cohorte, de facteurs immunitaires ou inflammatoires.
Il faut noter que comme pour le cancer du col, le risque de cancer de l’amygdale augmente avec le nombre de partenaires sexuels. Il est établi que la très grande majorité de la population rencontre le HPV, mais qu’il y a le plus souvent une clairance spontanée. Les lésions précancéreuses pourraient survenir plus fréquemment en cas de lésion de la membrane basale de l’épithélium ou d’un défaut de l’immunité transitoire.
Canal anal.
Aux États-Unis, les projections suggèrent qu’il y aura plus de cancers associés au HPV au niveau de la gorge que du col dans les années à venir. Ce qui pose bien sûr la question du dépistage de ce cancer (des travaux portent sur la recherche directe du génome viral par PCR), de l’impact de l’amygdalectomie et surtout de l’extension de la vaccination antipapillomavirus aux hommes, même si certains estiment que cela pourrait déresponsabiliser les adolescents vis-à-vis des mesures de prévention.
Enfin, le cancer du canal anal est lui aussi associé à l’infection par le HPV, mais les données épidémiologiques font cruellement défaut.
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