L’événement a eu lieu en avril 2017 à Washington lors de l’American Association for Cancer Research Annual Meeting (AACR). Un Award a alors été décerné à la Dr Catherine Alix-Panabières, directrice du Laboratoire cellules circulantes rares humaines (LCCRH) au CHU de Montpellier. « Nous avons reçu cette récompense car nous avons publié en 2015 dans le journal Cancer Research l’article qui a été le plus cité par nos confrères dans la littérature scientifique », indique la Dr Alix-Panabières, en précisant que son article portait sur ses travaux novateurs sur la culture in vitro de Cellules tumorales circulantes (CTCs) isolées à partir du sang d’un patient ayant un cancer du côlon métastatique.
« Quand une tumeur, aussi petite soit-elle, se développe, il peut y avoir des cellules, plus agressives, qui vont se décrocher et se déplacer dans le tissu environnant avant de rejoindre les vaisseaux sanguins proximaux. Ces CTCs vont au final pouvoir atteindre des sites plus distants via le compartiment circulant. C’est de cette manière que, par exemple, un cancer du sein peut donner des métastases au niveau du foie, du poumon ou des os », explique la Dr Alix-Panabières.
Une plateforme technologique unique en Europe
Mieux comprendre le fonctionnement de ces CTCs est donc un enjeu crucial. Pour y parvenir, le CHU et l’université de Montpellier misent sur une plate-forme technologique de détection, de tri et de caractérisation des CTCs unique en Europe. « Au sein d’un même site, nous avons développé des expertises technologique et biologique permettant d’identifier ces CTCs dans un simple échantillon sanguin. Il faut savoir que détecter ces cellules revient un peu à chercher une aiguille dans une botte de foin. En effet, les CTCs sont des évènements très rares : on peut trouver 1 à 2 cellules dans 10 ml de sang », indique la Dr Alix-Panabières.
Pour mieux étudier ces cellules, l’équipe de Montpellier a eu l’idée, comme quelques autres, d’essayer de les multiplier in vitro. « Le but est de pouvoir, à partir d’une simple prise de sang, enrichir ces CTCs, les mettre en culture et obtenir ainsi leur multiplication in vitro. Grâce à une prise de sang non invasive chez un patient atteint d’un cancer du côlon métastatique, nous sommes arrivés à mettre en place une lignée cellulaire CTCs qui est en culture depuis maintenant quatre ans. À ce jour, seulement 5 équipes au monde ont réussi à créer des lignées cellulaires CTC dans différents types de cancer.Et pour le cancer du côlon, nous sommes les seuls », souligne la Dr Alix-Panabières.
Eradiquer les CTCs pour éviter les rechutes métastatiques
L’objectif est d’utiliser ces lignées cancéreuses pour mieux connaître la capacité de certaines CTCs à s’autorenouveler et récréer une tumeur provoquant le développement de métastases à distance. « À terme, notre but est de trouver de nouvelles voies de signalisation afin de pouvoir cibler et éradiquer les CTCs les plus agressives, celles qui sont à l’origine des rechutes métastatiques chez les patients ayant un cancer. C’est bien sûr un défi énorme », indique la Dr Alix-Panabières.
Dans un communiqué, le CHU de Montpellier indique que la détection et le suivi des CTCs devraient contribuer à donner une « information pronostique indépendante », avant d’initier un traitement et contribuer au diagnostic précoce des rechutes cliniques métastatiques, avant même qu’elles soient visibles par les techniques traditionnelles d’imagerie. « L’analyse sanguine peut, en effet, être concluante et montrer la présence d’une rechute du cancer alors que la tumeur originelle n’existe plus et que la métastase n’est pas encore détectée », indique le CHU, en ajoutant qu’un autre enjeu est de développer un nouveau biomarqueur pour évaluer l'efficacité des traitements choisis, « c’est-à-dire savoir précisément s’il est efficace et s'il permet de maîtriser voire de combattre la maladie cancéreuse, en observant une diminution ou disparition complète des CTCs par exemple ».
Ces travaux devraient aussi permettre de personnaliser les traitements. « Ces techniques innovantes permettent de mieux identifier la pathologie cancéreuse dont souffre le patient, de choisir le traitement le plus adapté et d’évaluer son efficacité très rapidement et avant l’imagerie médicale. Il s’agit d’un progrès considérable dans la prise en charge des cancers solides », précise le CHU de Montpellier.
La Dr Alix-Panabières précise enfin qu’elle a été la première, avec le Pr Pantel du CHU de Hambourg, à publier en 2010 le terme de « biopsie liquide » pour parler de la détection des CTCs via des prélèvements sanguins réalisés chez les patients atteints d’un cancer. « Cela a été d’ailleurs publiquement reconnu en session plénière lors du congrès de l’ASCO 2017 en présence des présidents de l’ASCO et de l’AACR ».
D’après un entretien avec la Dr Catherine Alix-Panabières, maître de conférence des universités – praticien hospitalier au CHU et à l’université de Montpellier, directrice du Laboratoire cellules circulantes rares humaines (LCCRH) du Département de biopathologie cellulaire et tissulaire des tumeurs (CHU de Montpellier)
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