Le climat oestrogénique conditionne l’efficacité des inhibiteurs de PARP dans le cancer de l’endomètre

Publié le 13/11/2013
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Crédit photo : Phanie

Des chercheurs californiens viennent de montrer que l’environnement hormonal, en l’occurrence le taux d’œstrogènes, détermine la sensibilité de la grande majorité des cancers de l’endomètre à une nouvelle classe d’anticancéreux, les inhibiteurs de PARP. Selon l’équipe dirigée par le Dr Sanaz Memarzadeh, « le traitement a permis d’obtenir une réduction significative de la taille tumorale dans un milieu pauvre en œstrogène. À l’inverse, aucune réponse n’a été observée dans les tumeurs exposées des taux élevés de l’hormone ».

Ces résultats obtenus dans un modèle tumoral porteur de la mutation PTEN suggèrent que l’adjonction de modulateurs des récepteurs aux œstrogènes aux inhibiteurs de PARP permettrait de traiter efficacement ce type de cancers, ce qui représente près de 80% des cancers de l’endomètre.

La mutation du gène PTEN

On savait de travaux précédents que cette anomalie génétique s’accompagne d’une sensibilité aux inhibiteurs de PARP susceptible d’entraîner l’apoptose des cellules tumorales. « Au cours de nos expériences, nous avons observé que les tumeurs traitées par inhibiteurs ont une croissance ralentie, mais que ceci ne repose pas que sur la seule perte du gène PTEN ».

À quoi tient alors la chimiosensibilité de la tumeur ? C’est la question à laquelle les chercheurs ont tenté de répondre en partant de l’association entre obésité et cancer de l’endomètre, l’obésité étant responsable d’hyperœstrogénie par conversion périphérique des androgènes en œstrogènes.

Des modulateurs des œstrogènes

« Nous avons décidé de tester d’abord l’efficacité des inhibiteurs dans un environnement riche en œstrogènes, explique le Dr Deanna Janzen, l’un des chercheurs. À notre grande surprise, ces tumeurs dépourvues de PTEN n’ont pas répondu du tout. C’était comme si elles n’avaient pas reçu d’inhibiteurs de PARP ». À l’inverse, la réponse était forte en cas d’hypoestrogénie.

« La différence de résultat était étonnante. C’était comme le jour et la nuit ». Les chercheurs envisagent de lancer des essais cliniques sur l’association inhibiteurs de PARP et modulateurs des récepteurs aux œstrogènes chez des patientes ayant un cancer de l’endomètre et porteuses de la mutation PTEN.

Molecular Cancer Therapeutics, publié en ligne le 12 novembre 2013

Un gène suppresseur de tumeur inactivé dans 90 % des cancers

Des chercheurs londoniens viennent d’identifier une nouvelle anomalie génétique associée aux cancers de l’endomètre : l’inactivation épigénétique de HAND2, un gène suppresseur de tumeur. Alors que ce gène protège l’endomètre sain en antagonisant l’effet prolifératif des œstrogènes, il est l’objet d’hyperméthylations dans 90 % des cancers de l’endomètre, un phénomène épigénétique qui le rend inactif. La méthylation de HAND2 deviendrait de loin la modification moléculaire la plus fréquente dans ce cancer gynécologique.
Déjà présente au stade prétumoral, cette anomalie épigénétique serait prédictive d’une mauvaise réponse au traitement progestatif. En pratique, la méthylation de HAND2 permettrait de détecter avec fiabilité les femmes à risque de cancer de l’endomètre en cas d’hémorragie à la ménopause.


PLOS Medicine, publié en ligne le 12 novembre 2013
 Dr IRÈNE DROGOU

Source : lequotidiendumedecin.fr