Il faut que les choses soient claires : nous n’avons aucune volonté de nourrir une polémique avec les oncologues médicaux. Nous entretenons d’excellents rapports avec un grand nombre d’entre eux. Simplement à un moment, il nous a semblé nécessaire de faire entendre notre voix pour continuer à pouvoir opérer les cancers urologiques et à faire un certain nombre de primoprescriptions médicales pour lesquelles nos compétences sont reconnues », souligne le Pr Arnaud Méjean, responsable du comité de cancérologie de l’association française d’urologie (CCAFU) et vice-président de la fédération nationale des spécialités d’organes en oncologie (FNS20) où il représente les urologues.
Cela fait maintenant plusieurs années que l’AFU se bat pour que les urologues puissent continuer à prendre en charge les 90 000 nouveaux cas de cancers urologiques recensés chaque année. L’enjeu est d’importance puisque selon une enquête de l’Institut national du cancer (INCa), 43 % des urologues déclarent avoir plus de 50 % de leur temps consacré à la cancérologie. « Et pour certains d’entre nous, la cancérologie peut représenter jusqu’à 80 % de l’activité », souligne le Pr Méjean, qui a largement mené ce combat au sein de la FNS20. « Cette fédération appartient à la fédération des spécialités médicales (FSM). Elle regroupe les urologues mais aussi les gynécologues, les gastro-entérologues, les pneumologues, les neurologues, les dermatologues et les ORL. Notre but n’est pas de s’opposer aux oncologues médicaux mais de défendre l’idée que les spécialistes d’organes, impliqués dans la cancérologie, doivent pouvoir garder une certaine autonomie dans le traitement des patients », explique le Pr Méjean.
Dans ce combat, les urologues ont toujours revendiqué le fait de pouvoir continuer à opérer les cancers urologiques sans laisser la place aux chirurgiens de centres de lutte contre le cancer. Mais ils ont aussi demandé de pouvoir traiter médicalement les cancers ayant dépassé un stade localisé. « Il est évident que nous ne revendiquons pas le fait de pouvoir prescrire des chimiothérapies ou des traitements médicaux lourds. Mais dans le cancer de la prostate, il y a un certain nombre de drogues relativement bien tolérées et que nous avons toutes les compétences pour délivrer en primoprescription. C’est le cas de l’hormonothérapie standard mais aussi des nouveaux anti-androgènes, comme l’abiratérone et l’enzalutamide. Nous ne demandons pas que tous les urologues puissent les prescrire mais uniquement ceux ayant une compétence reconnue en cancérologie », souligne le Pr Méjean.
Ce dernier se félicite du changement législatif qui va désormais permettre à des urologues, dont la compétence est reconnue, de pouvoir faire ces primoprescriptions. Pour faire reconnaître cette compétence, les urologues pourront miser sur la VAE (validation des acquis de l’expérience). Il en existe deux types. La VAE universitaire a déjà permis fin 2014 à une cinquantaine d’urologues d’obtenir une compétence en cancérologie. Et la VAE ordinale, mise en place au 1er janvier 2015, devrait permettre de poursuivre le mouvement. Les urologues concernés pourront passer devant un jury composé de 5 membres avec des spécialistes d’organes, dont possiblement un urologue.
Antoine Dalat
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