« NOTRE PRIORITÉ est de pouvoir participer à la mise en œuvre du troisième Plan cancer. Mais pour que cela soit possible, encore faut-il que la tutelle ne laisse pas la situation économique des centres de lutte contre le cancer se dégrader », explique le Pr Josy Reiffers, directeur général de l’Institut Bergonié de Bordeaux, qui, à la mi-octobre, a été réélu à la tête de la Fédération Unicancer pour un deuxième mandat de trois ans.
Fin août, la Fédération Unicancer avait salué les principales recommandations du rapport du Pr Jean-Paul Vernant. En fixant comme objectif « d’adapter le système de santé aux évolutions de la prise en charge », ce rapport avait répondu aux attentes des centres. « Il est urgent d’adapter le système français aux progrès thérapeutiques récents. Les modalités actuelles du financement de la cancérologie sont en train d’asphyxier les établissements de santé les plus innovants », avait alors alerté le Pr Reiffers, en réclamant des solutions dès le début de l’année 2014.
La situation devient urgente selon lui. « Nous avons de plus en plus de difficultés pour développer des activités de recours et d’innovation, qui entrent dans le cadre de notre mission de service public. On peut citer par exemple certaines activités de génétique moléculaire ou d’imagerie interventionnelle, qui nous sont très mal remboursées par la Sécurité sociale. Il arrive même que certaines activités ne le soient pas du tout », constate le Pr Reiffers, en prenant l’exemple de la radiofréquence pulmonaire. « C’est une activité de plus en plus fréquente qui permet de détruire, sous contrôle du scanner, une tumeur pulmonaire pour environ 4 000 euros. Sans la radiofréquence, on devrait avoir recours à une chirurgie mutilante pour environ 7 000 euros. Et sans radiologie interventionnelle, ni chirurgie, il faudrait utiliser la chimiothérapie pour environ 40 000 euros. L’imagerie interventionnelle permet à la Sécurité sociale de faire des économies substantielles alors qu’elle impacte négativement le budget de nos centres. En effet, il n’existe pas de tarif pour ce geste qui reste donc à la charge complète des établissements ».
Selon le Pr Reiffers, il devient nécessaire d’adapter ce système largement basé sur la tarification à l’activité (T2A). « Je ne suis pas opposé au fait que les établissements soient financés en fonction de leur activité. Mais le problème est que la T2A a une codification qui ne bouge pas et ne tient pas compte de l’évolution des prises en charge. Le système continue à privilégier le financement des séjours hospitaliers alors que, désormais, la prise en charge du cancer se fait de plus en plus en ambulatoire », souligne le Pr Reiffers, en insistant sur le fait qu’il s’agit là d’une tendance de fond. C’est ce que montre l’étude prospective, sur la prise en charge des cancers en 2020, rendue publique en octobre par Unicancer. Cette étude met en évidence le fait que la prise en charge du patient évoluera à l’avenir vers des séjours hospitaliers plus courts, dus notamment à l’augmentation de la chirurgie ambulatoire, à la réduction du nombre des séances de radiothérapie et au développement des chimiothérapies orales ou en hospitalisation à domicile. Fin octobre, la Fédération est remontée au créneau à l’occasion du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). « Nous avons obtenu que les actes de radiothérapie soient remboursés au forfait et non plus à la séance, ce qui était inflationniste, souligne le Pr Reiffers, en déplorant la volonté du gouvernement d’instaurer un principe de dégressivité tarifaire. Nous sommes confrontés à une forte progression de l’activité liée à une augmentation du nombre de cancers et aussi à un allongement du suivi de patients qui vivent plus longtemps grâce aux progrès thérapeutiques. Dans ce contexte, il est incompréhensible de vouloir diminuer les tarifs de cancérologie via la dégressivité tarifaire ».
D’après un entretien avec le Pr Josy Reiffers, président d’Unicancer, directeur général de l’Institut Bergonié de Bordeaux.
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