ENFIN UNE ARME supplémentaire en vue. Alors que le seul traitement contre le carcinome hépato-cellulaire (CHC) lié au virus de l’hépatite B (VHB) fait appel à la chirurgie, soit résection ou transplantation hépatique et que moins de 20 % des patients y sont éligibles, « le risque de récurrence tumorale atteint les 50 voire 70 % à cinq ans », comme l’a montré une récente étude parue en 2011 dans « Hepatology ». Les choses sont peut-être en train de changer avec une grande étude taïwanaise ayant inclus 4 569 sujets opérés d’un CHC liés au VHB. Pour la première fois, ressortent les bénéfices des analogues nucléosidiques en prévention tertiaire du VHB. L’administration de ces antiviraux permettrait ainsi de diminuer de plus de 20 % la survenue de rechute de CHC après l chirurgie initiale.
Plusieurs facteurs sont identifiés pour majorer le risque de récurrence du CHC après résection hépatique, à savoir la taille tumorale et le stade, le taux d’alpha fœto-protéine, la cirrhose, le statut de l’Ag HBe et la charge virale VHB. Parmi eux, le rôle de cette dernière s’est avéré un facteur indépendant de récidive tumorale. Les auteurs précisent même qu’« un taux› 2 000 UI/ml est associé à un odds ratio de 22,3 pour la récidive de CHC ». Malheureusement, en l’absence de données disponibles sur la charge virale, cette large étude construite sur les registres nationaux n’a pas été en mesure d’évaluer la corrélation directe avec le traitement antiviral et la récurrence tumorale.
Pays à forte prévalence.
En s’appuyant sur la Taïwan National Health Insurance Research, sur la période allant d’octobre 2003 à septembre 2010, l’équipe dirigée par le Pr Chun-Yin Wu a constitué deux cohortes de sujets ayant un CHC lié au VHB l’une étant composée de patients traités par chirurgie seule (n = 4 051), l’autre par chirurgie associée à des analogues nucléosiques pendant au moins 90 jours (n = 518). Trois analogues nucléosidiques étaient prescrits, la lamivudine, l’entécavir et la telbivudine. Les chercheurs ont identifié la récidive via « une réhospitalisation avec CHC pour premier diagnostic et un traitement de la récidive de CHC, comme la chirurgie, la chimio-embolisation, l’injection percutanée d’éthanol, la radiofréquence ou la greffe de foie ». Étaient exclus les patients correspondant à cet intitulé, mais hospitalisés moins de trois mois après l’admission première.
Si la cohorte traitée avait un taux plus élevé de cirrhose (48,6 %) par rapport à celle non traitée (38,7 %), le risque de rechute de CHC était plus faible (20,5 % par rapport à 43,6 %) ainsi que la mortalité globale (10,6 % par rapport à 28,3 %). La mortalité globale à six ans était de 29,0 % dans la cohorte traitée et de 42,4 % dans celle non traitée. Mais ce n’est pas tout car en cherchant à mettre en évidence le rôle de facteur indépendant des antiviraux dans le risque de récidive tumorale (HR = 0,67), les chercheurs ont trouvé que les statines et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), dont l’aspirine, l’étaient presque tout autant, respectivement HR à 0,68 et 0,80. Si le rôle protecteur des statines a été récemment démontré, « l’association des AINS et de l’aspirine avec un risque plus faible de rechute de CHC est une découverte ».
Des résultats à confirmer.
Certes, l’étude n’est pas exempte de nombreuses limites. Comme le reconnaissent eux-mêmes les auteurs, plusieurs points sont sources d’imprécisions et de biais : la résection tumorale était-elle bien curative ? L’exclusion des patients recevant d’autres traitements de l’HBV, comme l’interféron ou un analogue nucléotidique, bien qu’en nombre restreint (n = 29), a-t-elle modifié les résultats ? Seuls les patients en rechute hospitalisés et retraités ont été inclus, qu’en est-il pour ceux non traités pour diverses raisons (comorbidités, insuffisance hépatique, progression tumorale rapide, etc.) ? Mais il reste que cette étude est la première à suggérer les bénéfices des analogues nucléosidiques, et que les antiviraux ont toutes les chances d’être intéressants, que ce soit pour améliorer « la mortalité à court terme en particulier en cas de cirrhose, de charge virale élevée ou d’inflammation hépatique », ou en l’absence de rechute à deux ans, « pour prévenir les tumeurs de novo et la progression de la maladie hépatique, et donc diminuer la rechute à long terme du CHC », comme l’indique dans un éditorial le Dr Anna Lok, gastro-entérologue à l’université du Michigan.
JAMA, publié en ligne le 12 novembre 2012.
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