Comment éviter tout retard dans la prise en charge des patients atteints de cancer ?
Voilà maintenant près de dix mois que cette question anime au quotidien les CLCC. Cela a été le cas lors de la première vague de l’épidémie de coronavirus et c’est toujours le cas aujourd’hui alors que nous sommes confrontés à la deuxième vague . Cependant, je reconnais que ces deux vagues de Covid-19 n’ont pas eu les mêmes conséquences organisationnelles pour les établissements.
Comment s'est passée la prise en charge lors de la première vague ?
Durant les semaines du confinement, nous avons continué à prendre en charge tous les patients en cours de traitement en modifiant juste parfois un peu notre façon de travailler. Nous avons fait davantage de téléconsultations, d’hospitalisations à domicile ou de traitements per-os. Mais nous avons toujours fait des prises en charge en suivant les recommandations de bonne pratique. Durant cette période, nous avons reçu un certain nombre de patients devant être opérés dans des CHU ou des hôpitaux généraux et qui avaient été déprogrammés à cause de la saturation des services de réanimation.
À la mi-avril, Unicancer avait ainsi indiqué que, pour faire face à la saturation des capacités de réanimation et d’hospitalisation en Île-de-France, Gustave Roussy et l’Institut Curie avaient dû gérer une situation inédite en accueillant 187 patients Covid-19 pour Gustave Roussy et 218 pour l’Institut Curie dont des patients n’ayant pas de cancer.
Durant cette première vague, les CLCC ont juste connu une petite baisse d’activité pour la prise en charge des nouveaux patients. Les campagnes de dépistage de masse ont été suspendues mais il y a eu aussi du retard dans le diagnostic initial de certaines tumeurs. On peut estimer cette baisse d’activité à environ 20 %. Cela veut dire que sur 100 patients nouveaux accueillis en 2019, nous n’en avons que 80 durant cette période de mars à mai .
Et depuis, quelle est l'activité dans les centres ?
Au moment du déconfinement et durant l’été, l’activité a été assez soutenue car il a fallu prendre en charge ces patients diagnostiqués un peu tardivement. Depuis, cela n’est pas retombé et aujourd’hui, nos médecins et soignants sont un peu fatigués. Globalement, nous avons relativement peu de cas de contaminations parmi notre personnel. Durant la deuxième vague, la prévalence d’infections au coronavirus a certes doublé par rapport à la première vague. Les cas se retrouvent plutôt chez nos jeunes médecins et soignants. Mais la situation reste gérable. Nous avons dû juste fermer quelques lits mais sans report d’activité.
Comment envisagez-vous la deuxième vague de l'épidémie ?
Certes, il est possible que, dans les semaines à venir, les CLCC soient de nouveau sollicités pour accueillir des patients « déprogrammés » dans les autres structures de soins. C’est difficile de savoir comment la situation va évoluer au cours de l’hiver. Ce qui est certain, c’est que pour l’instant, il y a des recommandations très explicites au niveau national comme régional pour ne pas déprogrammer, ni décaler les traitements de personnes atteintes de cancer. Mais il est clair que s’il le faut, nous serons au rendez-vous s’il faut encore prêter main-forte à nos collègues des autres établissements.
La reprise forte de l’épidémie, depuis le début de l’automne, impose bien sûr une grande vigilance dans les CLCC dans le suivi de ces patients. Nous ne baissons pas la garde face au coronarivus. On sait que les malades du cancer sont plus à risque que d’autres de faire des complications graves du coronavirus. C’est donc une préoccupation immédiate. Quant à l’impact sur la survie à long terme de ces patients, c’est très difficile de se prononcer. Seul, un suivi étroit au cours des années à venir permettra de le dire avec certitude .
Quelles sont les premières leçons du récent reconfirnement ?
La situation est assez différente. On observe une proportion plus importante de soignants et médecins infectés, qui ne peuvent donc pas travailler pendant au moins une semaine. En outre, le nombre de nouveaux patients atteints de cancers présentant une infection augmente rapidement, et les services des CLCC ont de ce fait des capacités de prise en charge réduites. Cependant, les instructions des ARS sont claires : les patients atteints de cancers actifs ne doivent pas être décalés, et une coopération entre les établissement doit être mise en place. Celle-ci est déjà à l’œuvre sur les différents sites.
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