Les patients VIH de plus en plus concernés par les cancers non liés au Sida

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Publié le 23/11/2018

Entre vieillissement de la population et amélioration de leur état immunologique, les patients infectés par le VIH sont de moins en moins concernés par les cancers classant sida (lymphome malin non hodgkinien, sarcome de Kaposi) et de plus en plus par certains cancers non classant sida (poumon, lymphome de Hodgkin, cancer de l'anus et du foie). Selon les dernières données communiquées ce vendredi matin en ouverture de la 2em journées du réseau national ONCOVIH.

Lors de sa présentation, le Dr Sophie Grabar, de l'unité « Biostatistique et épidémiologie clinique » de l'hôpital Cochin (AP-HP) précise que, s'ils ont considérablement diminué en nombre, « le sarcome de Kaposi reste 300 fois plus fréquent qu'en population générale, et le lymphome malin non hodgkinien 9 fois plus fréquent qu'en population générale ». Le cancer du col de l'utérus, associé à l'immunodépression ou viro induits, est 3 fois plus fréquent chez les femmes séropositives que chez les femmes de la population générale, mais n'a que peu évolué en fréquence depuis les débuts de l'épidémie.

Explosion des cancers de l'anus

Du côté des cancers non classant sida, l'incidence du cancer du foie a fortement augmenté, surtout chez les femmes infectées par le VIH. Le cancer du foie est désormais 11 fois plus fréquent que dans la population générale. « C'est aussi le seul à se déclarer plus tôt chez les patients séropositifs, 10 ans plus tôt en moyenne, à cause du taux important de coïnfection par le virus de l'hépatite B ou de l'hépatite C », précise le Dr Grabar.

Le Lymphome de Hodgkin est pour sa part 27 fois plus fréquent que dans la population générale, toujours selon les données du réseau ONCOVIH. Un autre cancer viro induit, le cancer de l'anus, a véritablement explosé dans la vieillissante population VIH. Sa prévalence (près de 1 cas pour 1 000 personnes année) est désormais 79 fois plus élevée que dans la population générale. Le cancer du poumon, est quant à lui 3 fois plus fréquent chez les patients VIH que dans la population générale, mais l'écart tend à se réduire.

Pour le Pr Jean-Philippe Spano, oncologue à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière (AP-HP), il faut agir sur les facteurs de risque surreprésentés dans la population VIH : le tabac et les virus de l'hépatite B/C, ainsi que le HPV. « Il faut agir en particulier sur la vaccination HPV dont on n'aura certes les résultats que dans plusieurs années sur les cancers ORL, du canal anal, du col de l'utérus, et peut-être même sur d'autres que l'on ne connaît pas encore, explique-t-il. Le tabac est quant à lui un gros pourvoyeur de cancers du poumon, de la vessie, de la tête et du cou. »


Source : lequotidiendumedecin.fr