C’EST en principe le 4 février prochain, lors des rencontres annuelles de l’Institut national du cancer (INCa) que François Hollande devrait présenter le nouveau plan cancer. « Nous savons que le chef de l’État est très attentif à l’élaboration de ce plan et qu’il veillera ensuite à sa bonne mise en œuvre, indique le Pr Agnès Buzyn, la présidente de l’INCa. Le président de la République entend que nous soyons notamment très vigilants sur les attentes et besoins des personnes malades pendant et après leur maladie. Il souhaite aussi qu’une attention particulière soit portée au problème des inégalités face aux cancers. Et il sera de notre responsabilité de bien identifier, dans ce nouveau plan, toutes les étapes qui, dans le parcours de soin des malades, peuvent entraîner une perte de chance pour certains d’entre eux », souligne-t-elle.
Une exemple à suivre.
L’INCa participe actuellement au travail d’élaboration du plan conduit par les ministères en charge de la santé et de la recherche. Ensuite, c’est lui qui sera chargé d’assurer sa mise en œuvre pour les cinq années à venir. Mais avant de s’exprimer sur ce nouveau chantier, le Pr Buzyn juge nécessaire de tirer quelques enseignements des deux précédents plans. « Ils ont permis des avancées majeures… C’est grâce à ces plans que la France est désormais reconnue comme un leader mondial dans l’organisation des soins en cancérologie, souligne le Pr Buzyn. Ces plans ont notamment permis l’émergence d’organisations spécifiques pour la prise en charge des cancers des personnes âgées, des enfants, pour les cancers rares, mais aussi pour les patients qui ont des risques génétiques… Il s’agit là de quelque chose d’unique au monde qui est regardé comme un exemple à suivre en Europe et même aux États-Unis ». Le Pr Buzyn reconnaît qu’elle est souvent interrogée par des collègues étrangers sur les clefs de ce succès français. « Je réponds que ce succès a d’abord été possible grâce à une implication de l’État, à son plus haut niveau. Le deuxième élément décisif a été, à mon sens, le fait que ces deux plans cancers ont été bâtis autour d’un objectif central, celui d’une égalité d’accès aux soins pour tous ».
Ces deux plans ont aussi permis, selon la présidente de l’INCa, d’améliorer de manière notable la qualité des soins, notamment grâce aux critères d’autorisation imposés aux établissements, en particulier les réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP), les consultations d’annonce, l’accès aux soins de support et les seuils d’activité. « Tous ces critères ont eu un impact incontestable sur la qualité et la sécurité des soins. Il faut quand même savoir qu’on est passé de 220 à 880 établissements autorisés à prendre en charge des personnes atteintes de cancers en France », indique le Pr Buzyn.
Prévention et dépistage.
Mais le Pr Agnès Buzyn reconnaît que les avancées n’ont pas été suffisantes dans d’autres domaines, en particulier celui de la prévention et de la lutte contre le tabagisme. « Le premier Plan cancer avait permis d’impulser des mesures fortes contre le tabac et obtenu une baisse de la prévalence du tabagisme. Ensuite, on a peut-être cru que cette amélioration allait se poursuivre de manière spontanée. Et le deuxième Plan cancer ne comportait que très peu de mesures dédiées au tabac. Résultat, on a observé une stabilisation de la prévalence et même une reprise de la consommation dans certains groupes de la population. Alors que nous partions du même niveau, nous avons une prévalence désormais supérieure de 10 % à celle de l’Angleterre. Il est impératif d’inverser cette tendance », estime-t-elle.
Une autre priorité concerne le dépistage organisé du cancer du sein et surtout du cancer colorectal. « Là encore, il faut se remobiliser car il est clair que nous pourrons gagner beaucoup de vies si nous arrivons à augmenter la participation à ces dépistages organisés. Aujourd’hui, le taux de participation des femmes de plus de 50 ans au dépistage du cancer du sein est d’environ 60 %, en additionnant dépistage organisé et individuel. Il serait souhaitable d’arriver à au moins 70 %. La mobilisation doit être encore plus forte sur le dépistage du cancer colorectal. La participation au dépistage du cancer colorectal n’est actuellement que de 32 %, alors que la mortalité liée à ce cancer reste très importante », indique le Pr Buzyn, en soulignant la nécessité d’impliquer davantage les médecins généralistes. « Il est évident qu’ils ont un rôle majeur d’orientation, d’explication et de conseils pour favoriser une meilleure adhésion de la population à ces programmes de dépistage ».
Enfin, dans la droite ligne de la Stratégie nationale de santé annoncée par Marisol Touraine, la présidente de l’INCa juge nécessaire de renforcer la démocratie sanitaire. « Nous devons associer davantage les patients dans les choix thérapeutiques et la gestion de leurs parcours de soins », souligne le Pr Buzyn.
D’après un entretien avec le Pr Agnès Buzyn, présidente de l’INCa.
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