CÔTE À CÔTE, le Pr Jean-Paul Vernant, auteur de 413 propositions et le Pr Agnès Buzyn, présidente de l’INCa savent qu’ils sont à un moment charnière dans la rédaction de ce plan, très attendu à remettre au gouvernement dans quelques semaines.
« Nous voulons sortir du malaise par rapport aux structures dédiées aux cancers qui avaient plus ou moins pris leur autonomie qu’il s’agisse des cancéropôles, des réseaux régionaux, les structures de gestion dans lesquelles l’INCA n’avait plus son rôle depuis l’arrivée des ARS », affirme la présidente de l’INCa, qui se défend « de revendiquer un quelconque pouvoir » de l’institut qu’elle préside dans ce domaine. Cependant, cet institut national cherche à harmoniser les pratiques, les missions et les résultats de la prise en charge des cancers sur le territoire, et ce travail s’appuie entre autres sur un travail étroit avec les réseaux. « La façon dont les ARS se sont emparées de la coordination de la prise en charge des cancers peut conduire à l’hétérogénéité aujourd’hui constatée », déplore-t-elle.
Ouvrir aux médecins libéraux.
Le plan cancer 3, qui sera annoncé le 4 février prochain par le chef de l’État doit être l’occasion de corriger le tir. Sur le terrain, les ARS cherchent à s’appuyer de plus en plus sur les réseaux qui ont un rôle unique à jouer en matière d’adressage des patients, pour les guider en amont du parcours de soins. Un travail bien amorcé en Ile-de-France, selon le directeur général d’ARS venu saluer « la création de plates-formes qui rassemblent les besoins et les initiatives offrant une meilleure lisibilité aux actions. » Claude Évin qui garantit en priorité un coup de pouce « aux actions qui permettront de gommer les inégalités multifactorielles » se dit prêt à aider les efforts de coordination de parcours complexes.
Liliane Cappelle, adjointe au maire de Paris, chargée des seniors et du lien intergénérationnel travaille étroitement avec l’ARS pour multiplier les accueils cancer de la Ville de Paris et améliorer l’organisation des dépistages. « Nous souhaitons désormais ouvrir ces centres de ressources aux médecins libéraux, pour aider les professionnels dans leurs recherches de solutions ou de structures de prise en charge pour leurs patients », insiste-t-elle.
Des solutions concrètes.
Une initiative saluée par le Pr Vernant, conscient que les médecins généralistes sont restés les grands oubliés des plans cancer précédents. « J’ai fait des propositions concrètes pour rattraper cet échec et permettre aux médecins libéraux d’occuper leur juste place dans le parcours de soins », rassure-t-il. Pour simplifier les choses, Jean-Paul Vernant propose par exemple de mettre en place un niveau intermédiaire pour mieux articuler les réseaux régionaux et territoriaux. Une synchronisation qui pourrait revenir aux sept cancéropôles. Simplification des liens et des circuits, ou nouvel étage d’un millefeuille dans cette organisation déjà complexe ? Ce niveau de coordination interrégional pour articuler les réseaux devra rapidement apporter la preuve de son efficacité pour convaincre les professionnels qui attendent des solutions concrètes.
Le Pr Jean Lacau Saint Guily, président d’ONCORIF et Éric Bauvin, président d’ACORESCA à l’initiative de ce congrès mesurent davantage l’amélioration de la coordination des réseaux au niveau des actions nouvelles à engager et à partager. « Il s’agit de faciliter la vie des patients et de leur entourage, améliorer leur qualité de vie en permettant à l’ensemble des professionnels d’agir au mieux », explique le président d’ONCORIF estimant que « les réseaux doivent continuer à faciliter retour à la vie, limiter le recours à l’hospitalisation, anticiper les sorties, mais aussi faciliter le retour à l’hôpital lorsque cela s’impose ». Pour y parvenir, le Pr Lacau Saint Guily estime que « les établissements qui n’ont pas encore parfaitement intégré le fonctionnement des réseaux doivent devenir partie prenante ». Se trouver sur un territoire où il n’y a pas de réseau est clairement considéré comme une perte de chance. Pour le président d’ACORESCA « le moment est venu d’étendre les réseaux et il convient de réfléchir à cette couverture territoriale en cancérologie ». Un appel lancé aux pouvoirs publics au moment de boucler ce 3e plan cancer dans lequel les réseaux entendent bien jouer pleinement leur rôle pour faciliter l’échange d’informations et de solutions à partager avec les médecins généralistes.
Pour se rapprocher des réseaux - ACORESCA (Association des coordinateurs de réseaux en cancérologie : www.acoresca.org ; ONCORIF Réseau régional de cancérologie d’Ile-de-France : www.oncorif.fr.
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