Augmentation des cancers
Le rôle des radiations lumineuses d’origine solaire ou provenant de sources artificielles dans le développement de cancers cutanés, mélanomes et carcinomes (épidermoïdes ou spinocellulaires et basocellulaires), est connu depuis longtemps. La forte augmentation de ces cancers depuis une cinquantaine d’années fait de l’exposition aux ultraviolets un enjeu sanitaire important.
Entre1980 et 2005, l’incidence du mélanome a en effet plus que triplé : avec, en 2005, 7 401 nouveaux cas estimés et 1 440 décès, il se situe aujourd’hui au 9e rang des cancers les plus fréquents en France.
L’activité du bronzage artificiel s’est largement développée ces dernières années et ses risques restent largement méconnus du public. Selon une enquête menée par l’INPES en 2004, 55 % des plus de 15 ans déclarent aimer être bronzés, 19 % s’exposer au soleil fréquemment, 17 % à utiliser des produits cosmétiques « accélérateurs de bronzage » et ils sont 3 % à réaliser des séances d’UV artificiels.
Risque des UVA
Si l’effet mutagène des UVB est reconnu depuis longtemps, ce qui a d’ailleurs conduit à limiter dès 1997 les émissions d’UVB par les appareils de bronzage, le potentiel mutagène des UVA, aujourd’hui démontré, est de connaissance plus récente. L’évolution de cette dernière a conduit le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), en juillet 2009, à classer le rayonnement ultraviolet artificiel dans le groupe 1 des cancérigènes pour l’homme.
Comme pour les UVB, le mécanisme génotoxique des UVA fait intervenir la formation de dimères de pyrimidine et de lésions oxydatives. Et si le potentiel génotoxique des UVA apparaît inférieur à celui des UVB, les UVA pénètrent plus facilement dans la peau et les lésions qu’ils induisent sont plus difficilement réparées. Ainsi, in fine, l’impact des UVA dans la genèse des cancers cutanés est important.
Comme les UVB, les UVA sont génotoxiques sans effet de seuil et ils induisent des altérations de l’ADN à des doses inférieures à celles déclenchant le coup de soleil. L’érythème est ainsi un mauvais indicateur du pouvoir cancérigène des UVA, dont le potentiel érythémal est faible.
Enfin, autre particularité du bronzage artificiel « riche en UVA » : à bronzage égal, les mécanismes de photoprotection, notamment l’épaississement cutané, sont moins activés que lors d’une exposition solaire. L’épaississement de la peau est, avec la pigmentation adaptative ou bronzage, un mécanisme de défense cutanée, qui apparaît après trois jours d’exposition en réaction aux UVB. Cet effet est dans tous les cas transitoire et ne s’observe que peu, voire pas, pour les phototypes de type 1 et 2. Mais surtout, cet effet est très faible après une exposition aux UVA, et le bronzage en cabine ne peut donc pas être considéré comme une méthode de préparation de la peau à des expositions solaires ultérieures.
Quid de la vitamine D ?
Autre argument avancé par certains pour justifier le bronzage artificiel : la production de vitamine D. Or d’une part, en France, les besoins en vitamine D sont généralement couverts par l’ensoleillement (exposition quotidienne de quelques minutes) et une alimentation équilibrée ; et, d’autre part, la synthèse de vitamine D est induite non pas par les UVA mais par les UVB, qui sont limités à 1,5 % des rayonnements émis par les lampes de bronzage, ce qui ne leur permet pas de contribuer de façon significative à sa production.
Risque de mélanome
Les études épidémiologiques récentes ont permis de démontrer la relation existant entre le risque de mélanome et l’exposition aux UV artificiels, et que le surrisque existe pour des expositions inférieures à une fois par mois ou dix fois par an.
Il ne semble ainsi pas exister de seuil en dessous duquel le risque de mélanome ne serait pas augmenté.
Le cadre normatif et réglementaire a évolué et, en France, depuis 1997, la vente et la mise à disposition du public d’appareils de bronzage utilisant des rayonnements ultraviolets sont réglementées par le décret n° 97-617 qui s’appuie sur les spécifications de la norme internationale. Ce décret prévoit des mesures de prévention : information des utilisateurs et contrôle technique des appareils par des organismes agréés. L’exposition est limitée aux personnes majeures, la référence à un quelconque bénéfice pour la santé n’est pas autorisée et le personnel encadrant l’activité de bronzage doit répondre à une obligation de formation. Le décret limite également l’éclairement énergétique du rayonnement UVB délivré par les appareils de bronzage à 1,5 % de l’éclairement énergétique UV total.
Mettre fortement en garde
L’information des utilisateurs est donc essentielle : risque accru de cancers cutanés, cumul des doses avec celles issues de l’exposition aux UV naturels, pas d’effet préparateur des UV artificiels pour des expositions solaires ultérieures, pas d’intérêt pour la synthèse de vitamine D, pas d’effet sur le « moral » ou l’ « énergie »... L ’analyse de la balance bénéfice/risque n’est jamais en faveur du bronzage artificiel.
Au-delà d’une stricte réglementation et d’une meilleure information des utilisateurs, la Sécurité solaire préconise d’instaurer une forte taxation des séances d’UV, d’au moins 10 % comme aux États-Unis, ce qui pourrait permettre de décourager les plus jeunes, chez lesquels l’exposition aux UV est la plus nocive.
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