Plus de 2 % de la population âgée de plus de 40 ans et 5 % des sujets de plus de 70 ans sont porteurs de mutations liées aux leucémies et aux lymphomes. Ces pourcentages étonnants proviennent des données issues du projet américain pharaonique, « The Cancer Genome Atlas », qui vise à caractériser les erreurs génétiques dans plus de 20 cancers. De l’avis de Li Ding, de l’université de Washington à Saint Louis, l’auteur senior : « Il est très frappant de constater un tel nombre de sujets de plus de 70 ans qui ont ces mutations. »
L’équipe américaine a ainsi analysé les prélèvements de 2 728 sujets et a découvert 77 mutations spécifiques hématopoïétiques dans les gènes associés aux cancers. Près de 83 % de ces mutations étaient situées sur 19 gènes associés aux leucémies et/ou aux lymphomes, dont 9 fréquemment mutés. Les sujets inclus étaient atteints de cancers, mais aucun de leucémie ni de lymphome. Les prélèvements avaient été effectués au moment du diagnostic avant tout traitement anticancéreux susceptible d’altérer l’ADN.
Des mutations suspectes mais encore innocentes
L’incidence des cancers hématologiques est de moins de 0,1 % chez les sujets âgés. Le fait d’être porteur de telles mutations ne se traduit pas forcément par le développement d’un cancer. « La puissance de notre étude tient au grand nombre de sujets analysés. Nous ne savons pas encore si le fait d’avoir l’une d’entre elles entraîne un risque plus élevé que la normale de développer des cancers du sang. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre ce risque. »
La comparaison de ces altérations génétiques aux mutations des cancers hématologiques a permis de pointer plusieurs gènes régulièrement mutés. Si le phénomène ne correspond pas à l’apparition d’une leucémie ou d’un lymphome, tout pourrait ne pas se résumer ainsi à un simple processus lié au vieillissement. Il n’est pas exclu qu’il puisse s’agir de précurseurs tumoraux dans un petit sous-groupe de patients. La mise à disposition d’un test de susceptibilité aux cancers du sang n’est pas prévue pour tout de suite : « Il nous reste un long chemin à faire avant de pouvoir comprendre comment les mutations de ces gènes augmentent le risque individuel de cancers du sang, et un test génétique ne serait d’aucune utilité à ce stade », a estimé Li Ding.
Nature Medicine, publié en ligne le 19 octobre 2014
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