Quelle est la survie des personnes atteintes de cancer et comment ces chiffres évoluent-ils ? Les autorités sanitaires* publient ce 17 novembre de nouvelles estimations portant sur la période 1989-2018, sur 12 localisations de cancer, ceux de mauvais pronostic (poumon, pancréas, etc.), les plus fréquents (sein, prostate, etc.), et ceux bénéficiant d'un programme national de dépistage organisé (col de l'utérus). Deux autres séries de statistiques seront publiées en décembre, et début 2021, pour couvrir les 73 types et sous-types de cancer.
L'Institut national du cancer (INCa) souligne des situations préoccupantes pour les cancers de mauvais pronostic, notamment une survie nette à 5 ans qui s’est peu améliorée. C'est le cas pour les tumeurs du système nerveux central en particulier, avec une survie nette standardisée à 5 ans de 26 % pour les personnes diagnostiquées en 2010-2015, sans amélioration notable à 5 et 10 ans, entre 1990 et 2015. Les progrès en termes de survie dans le cancer du foie ont, eux, subi un coup d'arrêt depuis 2005, le pronostic demeurant très défavorable (survie nette standardisée à 5 ans inférieure à 20 % pour les cas diagnostiqués en 2010-2015).
Pour d'autres cancers, dont l'incidence a particulièrement augmenté, l'INCa déplore une amélioration insuffisante de la survie. C'est par exemple le cas pour le poumon (survie nette standardisée à 5 ans de 24 % pour les femmes et de 18 % pour les hommes diagnostiqués sur la période 2010-2015) ou le pancréas (survie de 11 % à 5 ans pour les cas diagnostiqués en 2010-2015).
Des différences selon les âges et le sexe
Les améliorations de la survie sont généralement plus marquées chez les jeunes adultes que chez les plus âgés. Ainsi, dans le cancer du pancréas, la survie a doublé entre 1990 et 2015 mais reste quatre fois plus basse chez les plus de 80 ans (5 versus 19 % chez les cinquantenaires).
Quatre cancers se distinguent par un déséquilibre marqué dans la survie nette à 5 ans entre les sexes, en défaveur des hommes : l'œsophage (16 % chez l'homme versus 20 % chez la femme), le poumon (18 versus 24 %), les tumeurs du système nerveux central (23 versus 28 %) et celles touchant lèvre-bouche-pharynx (41 versus 56 %).
Quelques cancers de très bon pronostic
Le tableau n'est pas entièrement sombre. Ainsi, les cancers du côlon et du rectum, du col de l’utérus, du sein et de la prostate demeurent des cancers de bon, voire très bon pronostic, avec une survie nette à 5 ans estimée respectivement à 63 % pour les cancers du côlon et du rectum et du col de l’utérus, 88 % pour le sein et 93 % pour la prostate chez les personnes diagnostiquées en 2010-2015.
Des progrès dans l'amélioration de la survie à 5 ans sont particulièrement notables dans le cancer colorectal (de 12 points de pourcentage entre 1990 et 2015), du sein (de 79 à 89 % entre 1990 et 2015) et de la prostate (de 24 points, voire 33 points pour la survie à 10 ans entre 1990 et 2010). Les tendances sont en revanche hétérogènes pour le col de l'utérus en fonction de l'âge, avec une dégradation de la survie entre 1990 et 2015 pour les femmes de plus de 60 ans, et une amélioration pour les moins de 50 ans. Plusieurs facteurs se combinent : un moindre recours au dépistage cytologique chez les plus âgées, souvent moins suivies sur le plan gynécologique, un état général moins bon, et la présence de comorbidités.
*Santé publique France, le service de Biostatistique-Bioinformatique des Hospices civils de Lyon, le réseau des registres de cancers Francim et l’Institut national du cancer
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