Une alimentation riche en viande rouge, en particulier industrielle, et pauvre en fibres est bien connue pour augmenter le risque de cancer colorectal. Autant d’arguments pour penser que les régimes végétariens diminueraient le risque de cancer digestif. Dans une très grande cohorte nord-américaine de plus de 96 300 participants, la cohorte AHS-2 (acronyme anglais pour « Adventist Health Study 2 »), une étude californienne publiée dans le « Jama Internal Medicine » en apporte la preuve et ce, pour tout type de régime, qu’il soit végétarien strict, végétarien avec lait et œufs, végétarien avec poisson ou semi-végétarien (consommation de viande occasionnelle).
Parmi eux, le meilleur régime antitumoral était celui contenant du poisson, avec une diminution de plus de 40 % du risque de cancer colorectal.
Quatre régimes végétariens
Les cinq types de régime alimentaire étaient définis de la façon suivante. Le régime végétarien strict comporte la consommation d’œufs, de produit laitier et de toute viande moins de 1 fois par mois. Le régime végétarien lait-œufs contient du lait et des œufs plus de 1 fois par mois, mais du poisson et de la viande moins de 1 fois par mois. Le régime dit pescovégétarien (avec poisson) contient du poisson plus de 1 fois par mois mais les autres viandes moins de 1 fois par mois.
Dans le semi-végétarien, la consommation de la viande (hors poisson) plus de 1 fois par mois, et toute viande confondue au moins une fois par mois mais moins d’une fois par semaine. Le régime non végétarien est ainsi défini par la consommation de viande (hors poisson) au moins une fois par mois et toute viande confondue au moins une fois par semaine.
L’équipe du Dr Michael Orlich a étudié l’association entre les 5 types de régime alimentaire et la survenue du cancer du côlon (n=380) et rectal (n=110) au cours d’un suivi moyen de 7,3 ans. Tous régimes végétariens confondus, le risque était diminué de 22 %, de 19 % pour le cancer colique et de 29 % pour le cancer rectal. Régime par régime, le risque de cancer colorectal était diminué de 16 % pour le végétarien strict, de 18 % pour le régime lait-œuf, et seulement de 8 % pour le semi-végétraien.
Les forces d’AHS-2 face à la contradiction d’EPIC-Oxford
L’étude présente plusieurs points forts. La population étudiée était à la fois diverse en terme d’âge, de sexe, d’ethnie, d’origine géographique et de statut socio-économique et homogène en terme de mode de vie (alcool, tabac). L’appartenance à tel ou tel régime était déterminée à l’aide d’un questionnaire listant de nombreux aliments précis plutôt que par auto-évaluation.
De plus, l’adhésion au régime alimentaire, auto-rapportée, courait sur de très longues périodes (21 ans pour le régime végétarien strict, 39 ans pour le végétarien lait-œufs, 19 ans pour le végétarien avec poisson, 24 ans pour le semi végétarien, 48 ans pour les non végétariens).
Ces résultats vont dans le même sens que la réduction de 20 % du risque de cancer colorectal observé précédemment avec le régime méditerranéen. Seule l’étude britannique EPIC-Oxford dans sa 2e version, en concluant à une association nulle, pose question. Pour les auteurs, cette différence surprenante reste difficile à expliquer. Conjugués aux bénéfices sur l’obésité, l’hypertension artérielle, le diabète et la mortalité, les effets sur le risque du cancer colorectal vont peser en faveur des régimes végétariens dans les recommandations diététiques.
JAMA Internal Medicine, publié en ligne le 9 mars 2015
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