La chronoptimisation de la radiochimiothérapie

Minimiser la perte de cheveux par des radiothérapies du soir

Publié le 30/05/2013
Article réservé aux abonnés
1369876374436203_IMG_105871_HR.jpg

1369876374436203_IMG_105871_HR.jpg
Crédit photo : PHANIE

DE NOTRE CORRESPONDANTE

DES CHERCHEURS ont mis en évidence chez la souris une horloge circadienne autonome dans la matrice des follicules pileux qui orchestre un rythme de division au cours de la journée, entraînant une croissance des poils rapide le matin et ralentie le soir au moment où il survient une réparation restauratrice.

Puisque les cellules sont les plus sensible aux lésions d’ADN durant leur division, une radiothérapie le matin pourrait donc entraîner une plus grande perte de poils que le soir.

Ils montrent qu’effectivement, lorsque les souris reçoivent une radiothérapie le matin, elles perdent 85% de leurs poils, compare à 17 % avec une radiothérapie le soir.

« Ces résultats sont particulièrement intéressants car ils représentent un pas important vers le développement de nouveaux protocoles de radiothérapie qui visent à minimiser les effets secondaires néfastes sur les tissus normaux, comme les cheveux ou la moelle osseuse, tout en maintenant les effets souhaités sur les cellules cancéreuses », souligne le Pr Plikus (Université de California, Irvine).

« Bien que l’on ne sache pas encore si les cheveux humains suivent la même horloge que celle trouvée dans les poils des souris, il est vrai que les poils du visage poussent dans la journée, entraînant la barbe du soir (5 o’clock shadow) ; si l’on se rase le soir, on n’a pas de barbe le matin », remarque dans un communiqué le Pr Panda (Salk Institute for Biological Studies, La Jolla) qui a co-dirigé, avec le Pr Chuong (Université Sud de Californie, Los Angeles) cette étude.

Les cellules cancéreuses ont une horloge circadienne anormale ou asynchrone et se divisent tout le temps. Dès lors, le traitement anticancéreux n’a pas besoin d’être administré à un moment propice pour être efficace, mais la chronoptimisation permettrait de minimiser les dégâts collatéraux observés sur les cellules normales.

D’autres organes, tels que le foie, hébergent des horloges périphériques. « Ces horloges locales font bien plus de choses que l’horloge centrale dans le cerveau qui régule principalement le sommeil. Ce domaine de recherche est fascinant et pourrait un jour contribuer aux progrès dans le domaine de la santé », estime le Pr Panda.

PNAS, mai 2013, Plikus et coll.

Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9246