Le centre international de la recherche sur le cancer (CIRC) a souhaité exprimer son désaccord avec la publication dans « Science » d’une étude américaine concluant que le cancer serait plus souvent dû à un manque de chance, qu’à des causes génétiques et environnementales.
« On ne peut pas imputer les lacunes de nos connaissances en matière d’étiologie du cancer simplement à la malchance, clarifie le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC. La recherche des causes des cancers doit se poursuivre tout comme les investissements dans des mesures de prévention pour les cancers dont on connaît les facteurs de risque. »
Des limitations méthodologiques et des biais
Les experts du CIRC pointent du doigt l’analyse des chercheurs qui, selon eux, est en contradiction avec les preuves épidiémiologiques, comprend de nombreux biais et utilise des méthodologies limitées.
En effet, les dernières années de recherche internationale en épidémiologie montrent que la plupart des cancers peuvent être fréquents dans une population ciblée et relativement rare dans une autre. « Ainsi, le cancer de l’œsophage est fréquent chez les hommes en Afrique de l’Est mais rare en Afrique de l’Ouest. Le cancer colorectal était rare au Japon mais son incidence a quadruplé au cours de ces vingt dernières années », écrivent les experts dans leur communiqué.
Les études tendent à renforcer l’idée que les conditions environnementales et le mode de vie jouent un rôle majeur dans l’apparition de cancers, par opposition à la variation génétique et au hasard, comme le prétend la publication des chercheurs américains. Concernant les limites méthodologiques, les auteurs ont mis l’accent sur les cancers très rares en excluant les cancers les plus fréquents « connus pour être associé à une infection virale ou à des facteurs liés au monde de vie et à l’environnement ».
Division cellulaire et mutation aléatoire de l’ADN, rien de nouveau
L’étude souligne que certains cancers sont causés par la survenue de mutations aléatoires de l’ADN, lors de la division des cellules souches, un phénomène baptisé par les auteurs américains d’« effet stochastique ». Ils concluent que les deux tiers des cancers peuvent être expliqués par l’effet stochastique.
« Bien que l’on sache depuis longtemps que le nombre de divisions cellulaires augmente le risque de mutation, et par conséquent, la majorité des cancers les plus fréquents sont liés aux expositions environnementales et au mode de vie. Ces cancers sont donc évitables, sur la base de nos connaissances actuelles, près de la moitié de tous les cas de cancers dans le monde est évitable. Ceci étayé dans la pratique par des données scientifiques rigoureuses, qui montrent que l’incidence du cancer diminue à la suite d’interventions préventives. Conclure que la malchance est la principale cause des cancers serait trompeur et peut gravement obérer les efforts entrepris pour identifier les causes de la maladie et la prévenir efficacement », argumentent les experts du CIRC.
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