« LA QUESTION n’est pas de savoir si nous rencontrerons cette maladie immortelle dans notre vie, mais quand », écrit le Pr Siddhartha Mukjerjee. Lui a choisi très tôt de faire de la cancérologie, sa spécialité. Né en 1970 à New-Dehli, il a jusqu’à l’âge de dix-huit ans, un brillant parcours en Inde avant de poursuivre ses études aux États-Unis, en biologie à Stanford, en immunologie à Oxford avant d’intégrer l’École de médecine de Havard. Il raconte : « Durant l’été 2003, après avoir terminé mon internat de médecine et ma spécialité d’immunologie du cancer, j’ai commencé une formation avancée en oncologie du Dana-Farber Cancer Institute et au Massachussets General Hospital à Boston ». Le Dana-Farber Cancer Institute, un lieu emblématique de la lutte contre le cancer, créé quelques années plus tôt par Sydney Farber, un anatomopathologiste devenu le père de la chimiothérapie moderne en découvrant de manière fortuite un puissant médicament contre la leucémie de l’enfant, l’aminoptérine, et qui commença à rêver d’une réponse nationale coordonnée contre la maladie. La croisade qu’il mène avec Mary Wooddard Lasker, membre influent de l’élite sociale de Manhattan - à l’origine du prestigieux prix Lasker -, conduira au « National Cancer Act », le plan lancé en 1971 par le président Nixon, même si le projet ne correspond aux attentes ni de l’un ni de l’autre.
En direct des tranchées.
C’est donc au Dana-Faber Cancer Institute en 2003 que naît le projet du livre que Siddhartha Mukjerjee, désormais professeur assistant à l’Université de Columbia et praticien au service d’oncologie du CU/NYU Presbyterian Hospital, publiera sept ans plus tard. « J’avais initialement prévu de tenir un journal de cette année, un reportage en direct des tranchées sur le traitement du cancer », explique-t-il. L’entreprise se transformera en une somme érudite qui traverse 4 000 ans d’histoire sur plusieurs continents. Le cancer est mentionné pour la première fois il y a deux mille six cent vingt-cinq ans avant J.-C dans un papyrus égyptien dans lequel étaient consignés les enseignements d’Imhotep. Les « masses saillantes sur le sein » sont décrites (cas 45) comme dures, froides, denses et se répandant insidieusement sous la peau. Dès l’origine, l’enjeu du traitement est posé : de tous les cas décrits, le cancer est le seul pour lequel Imhotep ne propose pas de traitement. Sous la rubrique « Thérapie », il indique : « Il n’y en a aucune ». Hippocrate qui introduira le terme « Karkinos » du mot grec désignant le crabe, entérine cette impuissance de la médecine, estimant que le cancer doit « être laissé sans traitement car les patients vivent plus longtemps ». Cinq siècles plus tard, Galien reprendra cette thèse qui perdurera longtemps.
Un jumeau morcelé.
Le livre raconte la longue marche vers les premiers traitements chirurgicaux d’abord - avec les excès de la chirurgie radicale de Stewart Halsted - associés ou non à la radiothérapie avant l’arrivée des premières chimiothérapies jusqu’aux traitements ciblés. Siddharta Mukerjee n’omet rien des avancées mais aussi des reculs et des controverses, parcourant les disciplines - de l’épidémiologie à la biologie moléculaire et la génétique - esquissant le portrait des pionniers, médecins et chercheurs, mais aussi patients. Son ambition : « pénétrer l’esprit » de cet ennemi « implacable » et « insidieux » pour mieux comprendre cette maladie à la laquelle il était confronté. Le cancer, « empereur de toutes les maladies, le roi de la terreur » est « nous le savons maintenant », une maladie « due à la division incontrôlée d’une seule cellule. Cette croissance effrénée est permise par des mutations... dans l’ADN qui touchent spécifiquement certains gènes ». Inscrit dans notre génome, il est « ce jumeau morcelé, prolifique, invasif et adaptable de nos propres cellules ». À l’issue de ce parcours, l’écrivain médecin croit avoir décelé le secret du combat contre l’ennemi : trouver comment empêcher ces mutations de se produire ou éliminer les cellules mutées sans compromettre celles qui ne le sont pas. Mais cela reste « l’un des défis scientifiques les plus sérieux auquel est aujourd’hui confrontée notre espèce ».
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