Le compagnonnage peut-il être un moyen d’améliorer la qualité de soins ou de consultations ? « Je pense que oui. Je crois beaucoup à l’intelligence collective. On agit mieux quand on réfléchit à plusieurs que tout seul », indique le Pr Christophe Le Tourneau, oncologue médical et responsable du département des essais précoces à l’Institut Curie à Paris. « Le compagnonnage, c’est juste une volonté de travailler ensemble, notamment pour débriefer les consultations des patients. C’est très utile pour les jeunes médecins, mais aussi pour ceux qui sont plus confirmés. C’est une pratique qui existe depuis plus de 30 ans en Amérique du Nord », ajoute le Pr Le Tourneau qui a travaillé deux ans à Toronto.
Ce dernier le reconnaît : les jeunes médecins sont souvent un peu livrés à eux-mêmes quand ils commencent à faire des consultations. « Les internes de médecine générale sont souvent présents lors des consultations que donne leur maître de stage. Mais à l’hôpital, c’est quelque chose qui n’existe pas, ou peu, indique Pr Le Tourneau. Les internes et jeunes assistants sont certes accompagnés pour un certain nombre d’activités, mais pas pour les consultations. Là, c’est seuls qu’ils se retrouvent face aux patients. Et ce n’est pas évident à gérer. Ils peuvent être confrontés à des situations médicales complexes, face auxquelles ils n’ont pas toujours de réponses immédiates. Ils peuvent certes toujours passer un coup de fil à un autre médecin. Mais cela n’est pas toujours possible quand vous avez des patients qui défilent toute la journée dans votre cabinet. »
En 2018, Pr Le Tourneau a mis en place un système permettant des échanges pluridisciplinaires pour les quatre médecins qui assurent des consultations dans son service. « Nous sommes tous dans le même bureau. Cela nous permet de débriefer ensemble les dossiers de certains patients sur lesquels nous pouvons avoir des interrogations. Les internes et jeunes assistants peuvent échanger avec un médecin sénior à propos d’une décision difficile à prendre. C’est une forme de compagnonnage, très bénéfique pour nos jeunes confrères qui se sentent ainsi moins isolés. Mais cela a aussi un intérêt pour des médecins qui, comme moi, sont confirmés. J’apprécie beaucoup de partager un certain nombre d’observations concernant nos patients, de questionnements médicaux, de discussions sur le choix de tels ou de tels traitements. Le fait d’avoir parfois des avis divergents permet le plus souvent de se rapprocher de la bonne décision. »
Un même espace
Le Pr Le Tourneau reconnaît que ce compagnonnage est possible en raison de la configuration architecturale de son service. « Quand nous avons fait les plans en amont, nous avons réfléchi à l’idée d’être ensemble dans un même espace. Si chacun était isolé dans son bureau, il serait plus difficile d’avoir ces échanges », indique-t-il. « Nous avons maintenant plus de six ans de recul et nous avons pu mesurer l’intérêt de cette initiative. La pression ressentie après une journée de consultation est bien moindre chez les médecins du service. Ils savent qu’ils ne seront pas tous seuls de la journée », indique le Pr Le Tourneau. « C’est une façon de travailler qu’ont adopté les services d’urgence où les médecins discutent en permanence les uns avec les autres. Mais c’est vrai qu’en oncologie, c’est une façon de fonctionner qui reste encore assez rare », ajoute-il.
D’après un entretien avec le Pr Christophe Le Tourneau, oncologue médical et responsable du département des essais précoces à l’Institut Curie à Paris
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