Comment un médecin peut-il prendre en charge des patients atteints de cancer lorsqu’il n’est pas titulaire d’un diplôme d’études spécialisées (DES) d’oncologie médicale ? Il existe aujourd’hui deux possibilités : passer, lorsque l’on est interne des hôpitaux, un diplôme d’études spécialisées complémentaire (DESC) de cancérologie si l’on se destine à devenir un spécialiste d’organes (gastro-entérologue, pneumologue, neurologue, dermatologue…) ou un radiothérapeute ou encore, si l’on est déjà en exercice, obtenir une validation des acquis de l’expérience (VAE).
5 options pour le DESC de cancérologie
« C’est en 2007 qu’a été mis en place le DESC de cancérologie avec cinq options : traitements médicaux des cancers, chirurgie cancérologique, réseaux de cancérologie, biologie en cancérologie et imagerie en cancérologie. Les deux dernières options ne concernent que très peu de personnes chaque année. La première option (traitements médicaux) est destinée aux internes d’onco-radiothérapie ou à ceux de spécialités d’organes. Le DESC leur donne la possibilité de prescrire des chimiothérapies et tout autre traitement médical des cancers dans leur spécialité », explique le Pr Jean-Pierre Lotz, coordonnateur du DESC de cancérologie pour l’Ile-de-France. « Quant à la troisième option (réseaux), elle s’adresse aux internes de médecine générale dont le DES est d’une durée de 3 ans, ajoute-t-il. Le DESC leur donne la possibilité de renouveler les prescriptions des chimiothérapies mais pas de faire des primoprescriptions. Il est normal que ces dernières soient réservées aux titulaires d’un DES d’oncologie médicale d’une durée de cinq ans ».
Pour le Pr Lotz, c’est une bonne chose que des jeunes médecins généralistes motivés puissent s’engager dans des services de cancérologie. « Ce sont des internes qui n’ont pas pu intégrer le DES d’oncologie médicale car ils ont été classés sur un rang inadéquat pour choisir cette voie. Mais ils sont vraiment décidés à travailler dans le domaine du cancer. Et avec ce DESC, ils peuvent ensuite trouver toute leur place dans des hôpitaux généraux, voire des CHU, pour prendre soin de patients atteints de cancer », indique-t-il en précisant que l’organisation de ce DESC n’est pas la même partout en France. « On est réparti en trois grandes zones : France Est, France Ouest et Ile-de-France. Dans les zones Est et Ouest, l’année de DESC est intégrée dans le DES de médecine générale. En Ile-de-France, nous avions pu obtenir il y a quelques années un financement de l’ARS pour que les internes, à l’issue de leur DES, fassent une année supplémentaire dans les réseaux régionaux de cancérologie », indique le Pr Lotz, en précisant que son service à l’hôpital Tenon est le seul d’Ile-de-France à avoir eu un poste réservé à un interne de médecine générale.
Une reconnaissance avec la VAE
Mais il existe aussi en France un certain nombre de médecins qui, tous les jours, prennent en charge des patients atteints de cancer sans être oncologue, ni avoir pu passer le DESC. « Il s’agit le plus souvent de praticiens qui ont fait leur internat alors que le DESC n’existait pas encore. Ils peuvent donc présenter un dossier pour bénéficier d’une VAE. Celui-ci sera examiné par un jury universitaire de 4 personnes et un jury du conseil de l’Ordre, également composé de 4 personnes », précise le Pr Lotz.
Les membres du jury sont chargés d’apprécier l’expérience du médecin dans le domaine de la cancérologie. « Il faut qu’il prenne en charge des patients depuis suffisamment de temps : au moins une durée équivalente à celle de son DES d’origine. On évalue le nombre de patients qu’il soigne ou opère par an. On regarde s’il participe aux réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), à une formation continue dans le domaine du cancer et s’il participe à la vie hospitalière, notamment à travers les différents comités hospitaliers ».
Si son dossier est validé, le médecin bénéficiera d’une VAE spécifique. « S’il est chirurgien, cela sera une « VAE chirurgie cancérologique ». S’il s’agit d’un spécialiste d’organes ou d’un urologue, cela sera une « VAE traitements médicaux ». Et si c’est un généraliste, cela sera une « VAE réseaux » », indique le Pr Lotz, en soulignant l’importance de ce dispositif. « Cela permet d’apporter une reconnaissance à des médecins de valeur qui jouent un rôle souvent important au sein des services de cancérologie, en particulier dans les hôpitaux généraux. En Ile-de-France, la première année, nous avons délivré 70 VAE puis 45 la deuxième et un peu moins d’une dizaine la troisième », précise le Pr Lotz.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Pierre Lotz, chef du service d'oncologie médicale et de thérapie cellulaire, coordonnateur IDF du DESC de cancérologie, président de la Collégiale des oncologues APHP, hôpital Tenon, pôle onco-hématologie du GH de l’Est-Parisien
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