La Haute Autorité de santé vient de définir les nouvelles conditions de prise en charge des prothèses capillaires dans le cadre notamment du 3e plan Cancer 2014-2019, qui vise notamment à réduire les conséquences économiques du cancer en préconisant une revalorisation du tarif de remboursement de ces produits. En raison de données inexistantes ou non exploitables sur cette thématique, la Commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (CNEDiMTS) n’a pas pu procéder à une revue de la littérature et a dû adapter sa méthodologie.
Une indication unique
L’utilisation des prothèses capillaires concerne de nombreuses situations cliniques, indique la HAS qui s’est essentiellement appuyée sur l’avis des professionnels de santé en oncologie (chirurgien oncologue, infirmière d’annonce, assistante sociale, psychologue, cadre socio-éducative, accompagnatrice en santé) et en dermatologie (dermatologue spécialiste du cuir chevelu).
Dans ses recommandations, la HAS a préféré retenir une indication unique : l’« alopécie temporaire ou définitive, partielle ou totale, de l’adulte et de l’enfant, consécutive à une pathologie ou à sa prise en charge ». En effet, expliquent les experts quelle que soit la situation, « la prescription médicale intervient, de manière systématique, en réponse à une alopécie, qu’elle soit due à une maladie ou à un traitement ».
Une alopécie androgénique ne sera prise en charge que dans le cas des alopécies chez la femme et au stade 3 de la classification de Ludwig. Sont exclues les alopécies androgéniques de l’homme et non sévères chez la femme.
Prescription par le généraliste
Aux côtés des indications, la HAS précise les conditions de prescription. Non seulement le renouvellement - au bout d’une période minimale de 6 mois - mais aussi la primo-prescription peuvent être faits par le médecin généraliste dans le cadre d’un parcours de soin coordonné même si la prise en charge de la maladie est effectuée par le spécialiste.
Ne pas imposer un essayage pour les renouvellements afin de ne pas freiner la vente à distance pour les patients connaissant le produit qui leur convient et habitant loin des points de vente, indique l’avis de la Haute Autorité à propos des modalités de distribution des prothèses capillaires. Imposer en revanche, l’essayage pour la 1re prescription afin d’assurer un accompagnement optimal, en veillant à préserver l’intimité et la confidentialité.
Vérifier chez l’enfant que la prothèse est bien adaptée au tour de tête du patient, recommande encore la HAS en direction des revendeurs. Et d’insister sur l’information du patient. Revendeurs comme distributeurs sont sommés de mettre à disposition des patients les documents nécessaires.
Accessoires remboursés
Sont inclus dans ces recommandations les cas particuliers : patients ayant une alopécie due à une radiothérapie (avec une peau fragilisée) ou à une zone étendue en phase de cicatrisation (grands brûlés, traumatismes récents localisés sur le cuir chevelu) mais aussi patients allergiques au latex.
À propos des accessoires de type foulard, turban, mèche de cheveu, etc, les experts proposent d’en prendre un en charge en complément d’une prothèse capillaire ou trois en cas de refus de prise en charge d’une prothèse capillaire par le patient.
Il n’est pas possible d’estimer la population cible du fait de l’absence de données épidémiologiques, explique la HAS qui s’appuie sur les remboursements annuels. Résultat : entre 54 000 et 57 000 prothèses capillaires ont été remboursées, soit 50 000 à 52 000 patients (dont 450 à 650 enfants) par an. Environ la moitié des patients étaient atteints d’un cancer.
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