Regroupant 18 Centres de lutte contre le cancer (CLCC) en France, Unicancer révèle à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer (le 4 février) les enjeux en cancérologie et ses objectifs pour 2019. Si cette fédération hospitalière juge le troisième plan cancer positif, elle prépare également d’ici le printemps prochain son plan stratégique 2019-2022.
Pour un financement de la qualité
Remis le 29 janvier à Agnès Buzyn, le rapport de la mission dirigée par Jean-Marc Aubert, responsable de la DREES (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), donne plusieurs pistes concernant la réforme du financement du système de santé. Il propose notamment de réduire la part financée à l’activité (T2A). « C’est positif ! Introduire une approche qualitative est important mais il faudra être vigilant : il ne faut pas que les financements prévus pour la partie non consacrée à l’activité restent bloqués », précise le Pr Patrice Viens, président d’Unicancer. Le financement à l’activité, qui représente actuellement environ 55 % dans les centres de lutte contre le cancer (contre 63 % en moyenne dans les établissements publics), devrait donc passer à 50 %.
« Unicancer est favorable à la poursuite des critères transversaux de qualité, à l’augmentation des seuils d’autorisation en cancérologie et à l’implémentation de seuils en fonction des organes et des pathologies concernés, en particulier pour les cancers du pancréas, de l’ovaire et du sein », poursuit le Pr Viens. En cours de révision au ministère à partir des données fournies par l’Inca, les seuils annuels d’activité minimale en oncologie devraient être connus au premier semestre 2019.
D'autre part, si la baisse des tarifs en 2018 n’a pas épargné la cancérologie, Unicancer rappelle que la hausse des tarifs devient une nécessité, d’autant que la progression du volume d’activité des établissements de santé tend à s’infléchir cette année…
Une décélération de l’activité
« On voit une décélération de l’activité de manière très nette, y compris dans nos établissements. Alors que dans les années antérieures l’augmentation de l’activité était de 3,5 à 4 % par an et suivait celle de l’incidence des cancers, elle serait en 2018 autour de 1,5 %, soit moins de la moitié de la hausse attendue », reconnaît Pascale Flamant, déléguée générale d'Unicancer.
Cette situation aura des conséquences sur le déficit financier cumulé pour 2018. « Nous serons probablement dans une situation moins favorable que l’année 2017 où nous étions à l’équilibre. On sent une dégradation non négligeable malgré les efforts de gestion », constate Pascale Flamant. Mais comment expliquer cette récente décélération de l’activité ?
« Ce n’est pas impossible qu’il y ait des reports d’activité de l’hôpital vers la ville », suggère la déléguée générale. « Certains virages ont été pris très rapidement, comme la réduction du nombre de fraction de radiothérapie, la réhabilitation améliorée après chirurgie (RAC) qui permet aux patients de sortir plus vite et d’avoir moins de complications, le travail en réseau et le soutien des établissements de périphérie… », identifie le Pr Viens. En effet, si ces mesures améliorent la prise en charge, elles tendent aussi à ralentir l’activité des centres. Le financement à la qualité devient donc essentiel.
Innover avec le programme ConSoRe
Mis en place depuis quelques années par Unicancer, le programme ConSoRe (Continuum Soin Recherche) est un puissant moteur de recherche qui permet d’exploiter les données recueillies en vie réelle dans l’ensemble des CLCC. « C’est un outil très performant d’aide à la médecine de précision », explique le Pr Viens. « Il est disponible dans une dizaine de centres, dont 5 ou 6 qui l’utilisent déjà en routine, et devrait l’être à la fin de l’année dans une quinzaine », précise Pascale Flamant.
« De plus, deux grandes innovations en radiothérapie seront accessibles dans les CLCC en 2019 : la protothérapie et la radiothérapie couplée à un IRM et un scanner », annonce le président d’Unicancer.
Privilégier l’égalité d’accès aux soins
« On regarde souvent que la rapidité d’accès aux traitements et on ne voit pas assez l’accès pour tous, revendique le Pr Viens. Il faut impérativement que les CLCC participent à l’égalité d’accès aux soins sur tout le territoire. Il est indispensable de développer des plateformes de filière de diagnostic, même en dehors des grandes métropoles, pour que les patients puissent avoir accès à un diagnostic rapide et complet ». Un des objectifs sera également d’améliorer le suivi des patients grâce à la télémédecine. De plus, une étude internationale, MyPeBS, est mise en place en 2019. Ainsi, 20 000 femmes en France sont appelées à se porter volontaires pour participer à ce projet unique qui vise à évaluer une stratégie personnalisée de dépistage du cancer du sein.
Concernant l’évaluation des nouvelles molécules, les sociétés savantes poussent à une révision des modalités de délivrance des ASMR. En effet, elles sont actuellement attribuées en fonction de la survie globale (SG). Cependant, les essais cliniques présentent des résultats en termes de survie sans récidive (SSR), alors que la SG n’est pas encore disponible lors de la première publication. De plus, la SG résulte d’une amélioration incrémentielle de la SSR, qui semble donc un critère d’évaluation pertinent. « Parmi les médicaments avec des ASMR 4 ou 5, nous pouvons nous passer de certains mais d’autres doivent impérativement être utilisés. Il faut trouver des solutions. Comment l’état, les industriels et les établissements hospitaliers pourraient-ils ensemble établir des remboursements conditionnés par l’efficacité ? Nous travaillons sur cette question », déclare le Pr Viens.
D’après la conférence de presse d’Unicancer le 31 janvier 2019
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