Louanges sur les objectifs affichés, et vigilance sur les moyens et le calendrier pourraient résumer les réactions des professionnels et associations concernés par le 3e plan cancer, dévoilé mardi 4 février par le président de la République.
Joint par « le Quotidien », Le Pr Jean-Paul Vernant, professeur d’hématologie à l’université Pierre-et-Marie-Curie, auteur des recommandations rendues cet été qui ont présidé à l’élaboration de ce 3e plan, en est satisfait. Il salue notamment l’objectif affiché de réduction des inégalités sociales de santé, les mesures prises pour réorganiser le parcours de soin entre hôpital et ville, pour lutter contre le cancer du col de l’utérus et améliorer la couverture vaccinale du vaccin anti-papillomavirus. Le Pr Vernant souligne aussi, en faveur de la réduction des inégalités, l’introduction d’un droit à l’oubli dans l’accès au crédit, la fin des restes à charge pour l’échographie post-mammographie, et la volonté d’installer une offre de chirurgie réparatrice accessible sans frais par région, même si le projet ne va pas de soi. Quant aux bémols, il pointe l’absence de la e-cigarette. « On attend également des indicateurs pour une évaluation du plan sous la responsabilité du Haut Conseil de Santé publique (HCSP). Si elle était en temps réelle, cela permettrait de modifier le plan en cours. Il faut être très réactif en cancérologie », ajoute le Pr Vernant. L’évaluation finale du 2e plan Cancer n’a pas encore vu le jour.
Le malade au centre
Satisfaction aussi de la Ligue contre le cancer, qui se félicite de l’attention portée à la personne accompagnée dans et après le traitement, dans une interaction ville-hôpital. « Ce suivi dans la continuité de la vie est crucial », explique au« Quotidien »le Pr Jacqueline Godet. La présidente note que pour la première fois sont mentionnées l’aide aux aidants et la prévention éducative. Elle reste néanmoins dans l’attente des mesures de réduction du tabagisme et surtout de la définition des acteurs, du calendrier, et des critères d’efficacité sociale du plan.
La vigilance est de mise à la Fédération UNICANCER (centres de lutte contre le cancer) qui attend des précisions sur le financement de l’innovation. « Le système actuel pénalise les établissements de santé comme les nôtres. Toutes les évolutions porteuses d’innovation sont peu ou pas remboursées par l’Assurance-maladie » déplore le Pr Josy Reiffers.
Du côté des organisations professionnelles, chacun lit le plan selon son intérêt. La Fédération hospitalière de France applaudit l’objectif de réduire les inégalités d’accès aux filières de soins qui ont soigné en 2013 48 % des patients cancéreux, et rappelle l’importance des hôpitaux publics dans la recherche clinique.
Le syndicat MG France insiste sur l’importance du médecin traitant et des soins primaires dans la prise en charge des patients, la prévention du tabagisme à l’adolescence, et le dépistage.
Le Syndicat national des dermatologues se réjouit des annonces faites sur les risques ultraviolets et les cancers de la peau.
L’Association des accidentés de la vie (FNATH) saisit enfin cette occasion pour lancer un site internet multilingue (www.cancersprofessionnels.com) pour informer les travailleurs d’origine étrangère des risques de cancers d’origine professionnelle, qui représente 1 cancer sur 10.
Le plan cancer est consultable sur le site du ministère de la santé.
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