DANS UN CONTEXTE de tumeurs diagnostiquées à un stade précoce, les possibilités curatives des traitements locorégionaux - dont fait partie la radiologie interventionnelle – n’ont cessé de croître. En effet, la radiologie interventionnelle répond à une forte demande sociétale d’aller vers des traitements de plus en plus efficaces et de moins en moins pénibles. Mais bien que la radiologie interventionnelle s’inscrive de plus en plus dans des perspectives curatives de la maladie, le frein principal à son développement vient de l’absence de nomenclature pour un certain nombre d’actes…
Un problème de cotation des actes.
La radiologie interventionnelle comprend les procédures ayant pour but le traitement d’une affection, réalisées par un médecin radiologue, sous imagerie (fluoroscopie, échographie, scanner, IRM). En cancérologie, ces techniques peu invasives permettent d’accéder à une cible tumorale en profondeur en utilisant les voies naturelles (système urinaire, tube digestif, etc.), le réseau vasculaire ou en choisissant la voie transcutanée pour le foie par exemple.
Il existe ainsi des actes médicaux de radiologie interventionnelle permettant de traiter des tumeurs par voie percutanée en les chauffant ou en les refroidissant, que ce soit au niveau du poumon, du foie, du rein ou de l’os… « Or, pour certaines de ces localisations, les actes ne rentrent pas dans la classification commune des actes médicaux (CCAM), ce qui n’est pas sans poser problème, déplore le Dr Jean Palussière. Un financement est bien possible par le biais des Missions d’intérêt général et de l’aide à la contractualisation (MIGAC), via la signature d’un contrat entre les Agences régionales de santé et les hôpitaux. Cette dotation n’est pas pérenne, renouvelable chaque année dans un contexte budgétaire de plus en plus difficile. Mais pour les hôpitaux, le coût restant à charge est toujours un obstacle puisque le matériel est assez onéreux, que les interventions se font souvent sous guidage scanner (en l’absence de scanner dédié à ces procédures, l’hôpital doit donc bloquer le scanner pendant deux demi-journées par semaine par exemple, d’où un manque à gagner sur le nombre d’examens diagnostiques) et qu’il faut mobiliser un anesthésiste, un infirmier anesthésiste, un manipulateur radio et un médecin radiologue. Cela représente au final beaucoup de frais pour l’hôpital, que le forfait hospitalier obtenu pour la prise en charge du malade ne suffit pas du tout à compenser ».
Un dossier en cours depuis plusieurs années.
Des études et des dossiers financés par les PHRC (programmes hospitaliers de recherche clinique) ont bien été montés pour démontrer l’efficacité de ces techniques et valoriser l’impact chez les patients de la radiologie interventionnelle, mais il n’y a pas encore de décision prise quant à une éventuelle cotation de ces actes. « La Société Française de Radiologie et le Syndicat des radiologues de France ont eu une entrevue au Ministère de la santé pour défendre le dossier, car il y a urgence. Si je prends l’exemple de notre hôpital qui fait 200 à 250 actes par an, cela représente un surplus à sa charge de l’ordre de 600 000 € (sur un budget global de 90 millions), ce qui n’est pas tenable. Nous avons donc de plus en plus de mal à nous projeter d’une année à l’autre dans le domaine de la radiologie interventionnelle, ce qui est paradoxal puisque nous sommes de plus en plus sollicités pour pratiquer ces actes étant donné le confort qu’ils apportent aux patients (temps d’hospitalisation plus court, reprise des activités quotidiennes plus rapide…). Nous avons d’ailleurs présenté un dossier avec la Société Française de Radiologie de cas représentatifs - par exemple, des patients atteints de métastases pulmonaires de cancer pulmonaire - et démontré que si l’on doit les opérer classiquement par chirurgie, cela coûte deux fois plus cher à l’assurance-maladie que par radiologie interventionnelle. Il en est de même en cas de poursuite d’une chimiothérapie : le coût est toujours plus élevé que la radiofréquence. Mais pour l’hôpital, c’est l’inverse : c’est la thoracotomie ou la chimiothérapie qui sont les mieux valorisées. Une situation intenable », conclut le Dr Palussière.
› Dr NATHALIE SZAPIRO
D’après un entretien avec le Dr Jean Palussière, service d’imagerie médicale diagnostique et interventionnelle, Institut Bergonié, Bordeaux.
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